L'AMOUR DE L'OR

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Une petite chasse au trésor ? Enfin, petite... Plutôt rocambolesque pour Matthew McConaughey et Kate Hudson, couple divorcé qui se remet à la colle pour une aventure sous-marine aux Caraïbes pleine de rebondissements et de chamailleries comme l'exige toute comédie du remariage ! Car évidemment, il n'y a rien de mieux que côtoyer ensemble le danger pour que renaissent les sentiments.

Pour le tournage qui s'est déroulé dans les îles paradisiaques des Bahamas ainsi qu'à Queensland, en Australie, toute l'équipe du film, acteurs et techniciens, ont été obligés de passer un brevet de plongée. Certaines séquences maritimes nécessitaient un environnement totalement sécurisé. Faute de trouver un véritable bassin sur les lieux du tournage, la production en construisit un où pourrait être filmé le naufrage du bateau de Finn, le Booty Calls. Le chef décorateur Charles Wood ne lésina pas sur les moyens, construisant un gigantesque bassin pouvant contenir 7,2 millions de litres d'eau.

Devant la caméra de Andy Tennant, réalisateur des comédies Hitch, expert en séduction et Fashion victime, on sent le plaisir de Matthew McConaughey et Kate Hudson à se retravailler ensemble, cinq après Comment se faire larguer en 10 leçons. Les deux acteurs ont du tempérament et donnent du glamour à cette comédie d'aventures romantique et hystérique, lointaine cousine de A la poursuite du diamant vert avec Michael Douglas et Kathleen Turner. Surtout, dans un second rôle, on retrouve le grand Donald Sutherland, toujours aussi charismatique avec ses cheveux blancs et son sourire éclatant, qui relève la sauce de ce divertissement explosif et mouillé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver A LA POURSUITE DU DIAMANT VERT ou encore LA VIE AQUATIQUE DE WES ANDERSON .

L'amour de l'or est un petit exemple manufacturé d'un sous-genre très important de la comédie romantique : la comédie du remariage, inventé dans les années 30/40 par des cinéastes aussi prestigieux que Preston Sturges, George Cukor ou Leo McCarey. Il ne s’agit plus, comme dans la comédie classique, d’unir un jeune homme et une jeune fille et de les conduire au bonheur malgré des difficultés extérieures, mais d'unir à nouveau un homme et une femme après une séparation, dans la recherche d’un bonheur différent, en dépit d’obstacles intérieurs.

C'est souvent l'occasion d'une réflexion sur les relations de couple, sur la différence des sexes, sur la nécessité en amour d’une mort et d’une renaissance. Les chef d'oeuvres du genre sont Cette sacrée vérité et La dame du vendredi d'Howard Hawks, La huitième femme de Barbe bleue d'Ernst Lubitsch, et deux films de George Cukor : Indiscretions en 1940 et Madame porte la culotte en 1948. Ces films constituent aussi une date dans l’histoire du féminisme, en mettant toujours l’accent, pour la première fois sans l’histoire du cinéma, sur l’héroïne, formidablement incarnée, chez Cukor, par Katharine Hepburn. La comédie du remariage invente une nouvelle femme, par la mise en scène des enjeux de l’égalité dans le couple, et d’une reconnaissance mutuelle. Elle repose en grande partie sur la force et l'insolence des dialogues que les héroïnes débitent à la mitraillette, particulièrement dans La dame du vendredi, connu pour le rythme éfreiné de ses dialogues et où Rosalind Russell assomme littéralement Cary Grant à coups de répliques. Dans Madame porte la culotte, comédie d'une rare intelligence sur l'égalité dans le couple, Katharine Hepburn et Spencer Tracy se querellent et se rabibochent avec, pour armes, des répliques acérées.

Dans le genre, il faut aussi voir Mon épouse favorite de Garson Kanin où Cary Grant voit redébarquer son épouse disparue depuis trois ans lors d'un naufrage, interprétée par la délicieuse Irene Dunne. Il vient juste de se remarier mais n'apprécie pas du tout de découvrir la "naufragée" au bras d'un homme qui a tout pour lui, et pour cause puisqu'il est incarné par Randolph Scott ! Mais le sommet de la comédie du remariage reste sans doute Indiscrétions de Cukor avec son élégance sophistiquée, ses dialogues à double sens qui font mouche en rafale et ses acteurs de précision, Katharine Hepburn, donc, et James Stewart qui sert avec génie de faire-valoir au virevoltant Cary Grant. Le film débute par une rupture en prologue puis il va s'agir pour Cary Grant de reconquérir son ex femme qui va se remarier trois jours après. Il réussira mais ce ne sera pas sans mal, car Katharine Hepburn n'est pas femme à se soumettre facilement. Dans le film, son personnage subit cette remarque de son père :" Tu pourrais être une femme extraordinaire, je méprise en toi quelque chose que tu ne veux pas changer ; ta soi-disant force de caractère, ton intolérance. Tu ne seras jamais une femme à part entière tant que tu ne comprendras pas la faiblesse humaine." N'empêche, c'est toujours avec ce genre de femmes que les hommes ont envie de se remarier !