L'IMPASSE

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L’impasse est considéré aujourd’hui par certains comme le meilleur film de Brian de Palma. Au début des années 2000, Les Cahiers du Cinéma décrétaient qu’il s’agissait même du «meilleur film des années 90 ». En 1994, tout le monde était loin d’être du même avis pourtant, à la sortie de ce thriller puissant et sombre. En France, il n’était vu d’ailleurs que par 275 000 spectateurs.

En 1993, au moment de préparer L’impasse, Brian de Palma, âgé de 54 ans, avait déjà signé quelques uns des films importants qui faisaient de lui un des cinéastes respectés de sa génération. On pense à Phantom of the paradise, à Carrie, à Scarface, ou encore aux Incorruptibles qui tous furent de surcroît des succès commerciaux. L’impasse n’atteindra pas les mêmes sommets. Il coûtera 30 millions et n’en réalisera que 36 au box-office américain.

Pourtant, L’impasse a nettement mieux vieilli que Scarface, autre classique de Brian de Palma à qui on tend à le comparer. Il compte de surcroît comme vous le verrez une demi-douzaine de scènes d’anthologie qui illustrent de façon impressionnante la maîtrise formelle atteinte par le réalisateur. Quentin Tarantino, qui a toujours figuré parmi les inconditionnels, a déclaré avoir vu L’impasse « cinq fois, dont les deux dernières uniquement pour le plaisir de la poursuite finale ». Elle dure près d’une demi-heure et peut être considérée comme un film dans le film.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver IL ÉTAIT UNE FOIS LE BRONX (1993) (Robert De Niro réalisateur y met en scène le quotidien violent d'un enfant du Bronx tenté par le côté obscur de la vie dans un quartier sous la coupe de la mafia.) ou encore SCARFACE (1983) (Avec Al Pacino déjà dans le premier rôle, Brian de Palma y raconte l'ascension et la chute d'un truand d'origine cubaine.).

Les fans de Scarface, sorti dix ans plus tôt, s’attendaient sans doute à ce que De Palma leur serve dans L’impasse une sorte de suite inavouée aux aventures sanglantes de Tony Montana ; a fortiori avec Al Pacino dans le rôle principal. Et pourtant, L’impasse est, vous en conviendrez peut-être, la négation en quelque sorte de Scarface. Montana était un truand arriviste et bling-bling pour lequel De Palma montrait dans le fond, une sorte de mépris. Dans L’impasse, au contraire, Carlito Brigante est un criminel repenti pour lequel le cinéaste exprime une compassion teintée de mélancolie. Le magnifique travail sur la lumière renforce d’ailleurs cette sensation.

Mélancolique, Brian de Palma l’est aussi dans sa vie à cette époque. La crise de la cinquantaine l’a cueilli de plein fouet. En l’espace de deux ans, il vient de se remarier, d’avoir un enfant et de divorcer, incapable, de concilier vie privée et professionnelle, contrairement à ses plus proches amis ainsi comme il s’en plaint souvent. C’est donc tout naturellement qu’il avouera s’être identifié à son personnage, incapable comme lui d’analyser les raisons qui l’ont conduit dans une « impasse ».

L’impasse offre à Al Pacino un des ses plus grands rôles. C’est lui qui a insisté pour que de Palma réalise le film, quand circulait avec insistance le nom d’Abel Ferrara. De Palma est un admirateur inconditionnel de la star. « Une des nombreuses choses qui font d’Al Pacino un si grand acteur dit il, c’est la façon dont il bouge devant l’objectif. Alors, chaque matin j’étais impatient de me mettre derrière la caméra, pour voir Al bouger... »

Un homme meurt sur le quai d'une gare. Il ne voit pas l'ange qui l'accompagne mais regarde ça, cet homme qui meurt, cabrón, c'est moi. Je glisse doucement. On me tire vers le sol, j'ai toujours eu la mort aux trousses et ce soir, je suis de l'histoire ancienne. Ma vie défile ...

Contrairement à ce que le titre du film peut laisser à penser, "Carlito's Way" n'est pas un biopic sur Sarkozy. En lieu et place d'une oeuvre qui aurait pu être au mieux ennuyeuse, De Palma et Pacino se retrouvent le temps d'un nouveau film de gangster, près de dix ans après ...

La voie de Carlito, on la connait tous ; on a beau savoir que c’est une impasse, on y revient. On le sait, c’est les pieds devant qu’il avance, dès le départ, dans un monde qui marche sur la tête. Et pourtant. Ce qui nous attire, c’est moins l’escape to the Paradise ...