L'OURS MONTAGNE

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Le secteur du film d’animation ressemble de plus en plus à un péage d’autoroute un samedi au mois de juillet : encombré ! De quelques films par an il y a peu encore, nous sommes passé à une véritable déferlante... L’ours montagne mérite pourtant que l’on s’y attarde un peu plus que d’ordinaire.

D’abord, le film de Esben Toft Jacobsen nous vient du Danemark, peu réputé pour ses dessins animés. Il est ensuite tourné en 3D, pari technologique autant qu’artistique pas toujours couronné de succès. Son thème enfin va bien au-delà de la simple fable sur la découverte de la nature et des liens indestructibles qui rassemblent un frère et une sœur malgré les disputes... Dès l’instant où Jonathan et Sophie sont séparés et qu’ils doivent affronter les dangers d’une forêt effrayante, c’est toute la fantasmagorie des contes pour enfant qui est convoquée.

Jacobsen, en bon nordique éduqué à l’écologie, convoque le thème de la sauvegarde de l’environnement. Son faux-méchant est un ours qui a appris à ne faire qu’un avec la montagne et ses bois pour mieux se protéger des hommes et de leurs méfaits...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE VOYAGE DE CHIHIRO (Miyazaki et Jacobsen ont beau être éloignés de milliers de kilomètres, ils partagent l'amour de l'animation, de l'enfance et des contes fantastiques. Plus le respect de la nature et la force quasi mystique de la forêt.) ou encore LE SECRET DE TERABITHIA (Qu'il soit réel ou imaginaire, le royaume que s'inventent parfois les enfants est peuplé de périls mortels et de découvertes fondatrices. L'imaginaire rejoint alors le concret...).

Esben Toft Jacobsen a de la suite dans les idées... Pour son court métrage de fin d’études, il avait réalisé un film racontant les aventures d’un hérisson voulant se débarrasser de son petit frère ! Dans L’ours montagne, on retrouve le monde animal et les relations familiales comme ressorts de l’intrigue. Une inspiration qui n’est pas sans rappeler les grands dessins animés de Hayao Miyazaki, le maître japonais de l’animation. Jacobsen reconnaît bien volontiers cette influence nippone et surtout pas mauvaise ! Toute sa jeunesse a été marquée par la vision de classiques comme Le château ambulant ou Le voyage de Chihiro, dans lesquels le respect de la nature, des traditions et des valeurs de la famille sont essentiels. Certes, le trait est ici moins fluide que chez Miyazaki, (la technologie numérique ne remplace pas le crayon et l’aquarelle), mais le propos sur le fond est le même...

Pour le réalisateur danois un autre ingrédient dont était indispensable : ses racines nordiques. N’oublions pas que le Danemark comme la Suède ou Norvège est une terre de contes, riche en trolls, ogres et autres créatures fantastiques. Andersen, danois comme Jacobsen, est sans doute le plus proche de lui par ses thèmes d’écriture : de La petite sirène au Vilain petit canard en passant par Le soldat de plomb, l’auteur n’a cessé d’écrire sur la nécessité de trouver sa place dans un monde parfois hostile, quelles que soient ses différences ou les obstacles de l’existence.

Dans L’ours montagne, c’est la forêt qui servira de révélateur et rapprochera Jonathan, Sophie et leur nouvel ami, tous trois unis contre cet affreux chasseur qui représente la société toujours avide de plus d’espace et d’uniformité. De quoi donner de l’ampleur à un récit qui n’en manque pas et qui a été remarqué dans l’Europe toute entière. Le film était d’ailleurs un des plus nommés au festival référence du film d’animation, celui d’Annecy en 2011...