LE LIVRE DES SOLUTIONS

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Fuyant les décideurs, producteurs, diffuseurs, et tous les zeurs, un cinéaste excentrique part au diable vauvert pour se ressourcer. Il va transcrire toutes les petites idées qui lui viennent pour en faire un guide de la survie en temps de création.

Michel Gondry, 60 ans, est un cinéaste français qui vit toujours en utopie. Sorte de Godard lunaire, il fabrique des films comme des boites à images ou des collections de jouets. Il signe là son 12 ème film de long métrage qui est, pour utiliser cette fois à bon escient un cliché, son oeuvre « la plus personnelle ».

Et pour cause : Pierre Niney incarne l’alter ego de Gondry, ses foucades, obsessions, tumultes intimes. A ses côtés, Blanche Gardin, joue la monteuse héberluée avec une folie délicieuse. On rit, on ne sait plus où on est… Bienvenus sur le grand 8 intérieur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA ROSE POURPRE DU CAIRE DE WOODY ALLEN (1985) (Le héros de cinéma descend dans la salle et plutôt que vivre indéfiniment la même histoire rejoint le monde des spectateurs et de l'amour. Le plus délicat des films dans le film avec la rébellion pacifique de l'acteur et l'envie réciproque de vivre en cinéma.) ou encore ED WOOD DE TIM BURTON (1994) (Le portrait tendre et burlesque du pire cinéaste de l'histoire du cinéma qui, pourtant, fascina les cinéphiles pour son acharnement à tourner quoiqu'il arrive. Une apologie de la passion et de la poésie par l'erreur drôle mais sans sarcasme.).

Michel Gondry est un bricoleur de génie. Cela dit sans condescendance car, et surtout à l’heure du tout-numérique, le cinéma reste un art de la démerde. Gondry a tout démantibulé dans sa déjà longue carrière, pas seulement la machinerie  mais les récits (Eternal Sunshine of the spotless mind 2004), les cultures (La science des rêves 2006) et les consciences (Human nature 2001). Il a un côté Facteur cheval avec une ironie sublime à la Dali. « Le livre des solutions » avec son côté Bouvard et Pécuchet, rend hommage à la passion folle, à l’énergie de créer quoiqu’il en coute, comme on dit à l’Elysée.

Cette oeuvre est aussi celle du coming out. Le cinéaste a raconté que, en post-production de « L’écume des jours » (2013), alors qu’il avait cessé de prendre des molécules qui régulaient son humeur, il a vécu un moment de violence psychique terrible. C’est là qu’un psychiatre l’a diagnostiqué bipolaire. L’artiste délirant au sens poétique l’était aussi au sens psychique.

Son « livre des solutions » doit être vu aussi en ce qu’il est AUSSI le « livre des problèmes ». L’artiste a fait aimablement pression sur Pierre Niney pour être son interprète. Il faut dire que Gondry avait accepté d’être parrain de l’acteur encore méconnu au césar 2012 et il estimait que le temps était venu d’un retour d’ascenseur. Niney évidemment en rêvait et, sur le plateau, il a jubilé de toutes les extravagances qu’il a eu à assumer. Précisant au passage que les séquences apparement les plus folles sont réellement arrivées. Nous sommes entrés dans l’ère de l’auto biopic en version Gondry. Non seulement il a rêvé sa vie mais maintenant il fait des films où il raconte le rêve du rêve.

Pour nous parler de cinéma, Michel Gondry fait de Marc (Pierre Niney) son double en train de tenter de finir un film en tant que réalisateur. Une comédie réussie, fraiche et réjouissanteJeune cinéaste inspiré, Marc croit si fort en son génie qu’il a réussi à convaincre ...

L’autoportrait de l’artiste est non seulement une tarte à la crème de la création, mais c’est aussi et surtout un terrain miné : dans la mesure où celui-ci parle toujours peu ou prou de lui à travers son œuvre, l’explicitation peut virer à la redondance, voire au ...

On ne pouvait que retrouver le style bien volontiers foutraque et artisanal bricolé de Michel Gondry à travers ce qui est un portrait de cinéaste un poil autobiographique. Un cinéaste complètement barje, ayant dix mille idées à la seconde, fatiguant et usant un entourage ...