LES REPENTIS

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Est-il possible d’être apaisé en étant confronté à ce qui nous a fait tant de mal ? Regarder en face celui qui vous pris un être cher... C’est le dilemme que va devoir trancher Maixabel dans le film d’Iciar Bollain que vous allez maintenant regarder. Maixabel Lasa est la veuve d’un homme politique espagnol assassiné par l’E.T.A qui a monté une organisation de soutien aux victimes.  

Quand un des meurtriers de son époux la contacte depuis sa prison pour la rencontrer et lui parler, elle hésite d’abord puis accepte de le voir. Tout l’enjeu des « Repentis » est de montrer combien le travail du deuil est complexe et combien celui d’un simple échange avec cet autre que vous avez tant haï l’est plus encore. 

C’est l’actrice Blanca Portillo (grande actrice ibérique habituée des génériques de Pedro Almodovar, primée à Cannes en 2006 pour « Volver » et récompensée du Goya de la meilleure comédienne en 2022 pour ce film), qui incarne cette femme au cœur brisé mais à la conscience intacte qui va faire face au responsable de son malheur. Citons d’ailleurs la performance remarquable elle aussi de Luis Tosar dans le rôle d’Etxezarreta. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES (Comme Icíar Bollaín, la réalisatrice française Jeanne Henry s’intéresse ici au processus de la Justice Restaurative, qui permet à des victimes de rencontrer leurs agresseurs dans un cadre sécurisé et pacifié.) ou encore EL LOBO (Parce que ce thriller nous plonge dans les coulisses de la lutte entre le gouvernement espagnol et l'organisation terroriste ETA dans les années 70. Une lutte longue et violente, qui est au point de départ des "Repentis".).

« Les repentis » est tiré d’une histoire vraie, celle de Maixabel Lasa qui vit son mari, représentant du gouvernement central espagnol dans la province de Guipuzcoa, abattu de deux balles dans le dos par les terroristes basques en juillet 2000. Une femme qui a su se relever de ce drame, organiser une association de victimes mais aussi accepter de participer à une expérience, le programme Nanclares, qui propose un objectif de réinsertion à d’anciens militant repentis de l’E.T.A. Il s’agit pour ces hommes emprisonnés de rencontrer leurs victimes ou leurs proches et d’échanger. S’assurant que l’assassin de son mari n’en tirerait aucune bénéfice, Maixabel accepta, comme une douzaine d’autres personnes.  

Iciar Bollain et sa scénariste Isa Campo ont découvert dans la presse espagnole le compte-rendu de ces entretiens et y ont trouvé l’idée de faire un film sur ce face à face hors du commun. L’idée était de suivre Maixabel sur cet éprouvant chemin mais également de montrer comment le meurtrier de son époux analysait ses actes, lui qui avait publiquement renoncé à la violence. Ce processus légal et très encadré a fait école puisque le Rwanda, la Colombie ou l’Afrique du Sud, autres pays touchés par les fléaux du crime, de la guerre ou de la ségrégation, ont mis en place des programmes similaires.  

En France, cela existe aussi sous la forme de la « justice restaurative ». Jeanne Herry en a fait un film remarquable, « Je verrai toujours vos visages » sorti en 2023 dans lequel des criminels incarcérés pour des faits de violences ou de vol participent à des ateliers de parole avec des victimes d’actes du même ordre. Écoute, acceptation, rédemption ou possible pardon, le résultat à l’écran est bouleversant.  

Le mariage de Rosa, l'avant-dernier long-métrage d'Iciar Bollain, n'a pas été distribué dans les salles françaises (disponible en VOD). En sera t-il de même pour Maixabel (Les repentis) qui, contrairement à son prédécesseur, est tout sauf une comédie. Il y est question ...

Le film est sur l'ETA et les attentats qui ont secoué l'Espagne il y a quelques dizaines d'années. Mais l'histoire est universel. Peut- on entamer un dialogue avec l'homme qui a assassiné votre mari et qui, donc, a brisé votre vie? Quel intérêt celà peut-il ...

Qu'il est difficile le chemin, pour ces cœurs clandestins, qui décident un matin, l'arme à la main, d'abandonner le combat. Ne plus supporter ces visages à la violence si absurde. Être absent de tous ces sons qui condamnent et qui déchirent un pays. Pouvoir ...