LETTRE D'UNE INCONNUE

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Max Ophuls fuit dans un premier temps l’Allemagne en 1933 et trouve refuge en France où il tourne notamment Le Roman de Werther et Sans lendemain. Il est de nouveau contraint à l’exil en 1941 et part cette fois pour les Etats-Unis. Après cinq longues années d’inactivité, il dirige Douglas Fairbanks Jr. dans L’Exilé.
Cette Lettre d’une inconnue est donc le deuxième des quatre films qu’il a tournés à Hollywood, et sans doute son chef-d’œuvre américain. Ses œuvres majeures restant celles tournées à son retour en France (La Ronde, Le Plaisir, Madame de... et Lola Montès).
La légende veut que Ophuls ait convaincu le président d’Universal de financer ce film en s’arrangeant pour le rencontrer dans un bain de vapeur des studios, seul endroit où le boss était décontracté. Le scénariste Howard Koch (oscarisé pour Casablanca) se chargeant, lui, de contacter le vice-président William Dozier. Ce dernier allait produire le film et, accessoirement, proposer de confier le rôle central à sa femme, Joan Fontaine. Déjà nominée pour Rebecca, elle avait remporté l’Oscar de la meilleur actrice en 1941 pour Soupçons, face à Bette Davis et Olivia de Havilland qui n’était autre... que sa sœur aînée ! 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES LUMIÈRES DE LA VILLE (CITY LIGHTS, CHARLIE CHAPLIN, USA-1931) ou encore THE RETURN OF FRANK JAMES (LE RETOUR DE FRANK JAMES, FRITZ LANG, USA-1940) .

Les œuvres du romancier autrichien Stefan Zweig ont inspiré de nombreuses adaptations cinématographiques. Citons par exemple : Amok, adapté en 1944 par Max Aub pour Antonio Momplet ou en 1993 par Joël Farges (avec Fanny Ardant et Andrzej Seweryn) - La Peur, porté à l'écran en 1936 par Viktor Tourjansky (dans une adaptation de Joseph Kessel), avec Gaby Morlay, avant que Roberto Rossellini n'en propose sa version avec Ingrid Bergman en 1954 - Brûlant secret devenu Fin de saison dans l’adaptation de Robert Siodmark en 1933, puis Burning Secret dans la version de Andrew Birkin (avec Faye Dunaway et Klaus Maria Brandauer en 1988) - Le Joueur d’échecs incarné par Curd Jürgens pour Gerd Oswald en 1960 - ou enfin 24 heures de la vie d’une femme, incarnée par Danielle Darrieux pour Dominique Delouche en 1968, puis par Agnès Jaoui pour Laurent Bouhnik en 2003.
Pour sa part, Ophuls, ancien homme de théâtre, a toujours été très inspiré par les œuvres littéraires. Il a, bien sûr, adapté Schnitzler (Liebelei et La Ronde), mais aussi Maupassant ou Louise de Vilmorin. Il avait déjà mis en scène au théâtre des textes de Zweig. Pour cette adaptation, il a opéré quelques modifications : dans la nouvelle, le héros est écrivain et non pianiste, partage plusieurs nuits d’amour avec l’héroïne qui a toujours refusé de se marier et est entretenue par divers compagnons. Pas de duel, donc, mais un bouquet de fleurs blanches encore plus symbolique et crucial.
Notons que le couple du film a été reformé plus tard, en 1953, par l’Argentin Hugo Fregonese dans la coproduction anglo-espagnole, Pages galantes de Boccace. Enfin, peut-être vous en êtes-vous amusé, mais le film est signé "Max Opuls"... Ce fut aussi le cas dans ses deux films américains suivants, Pris au piège et Les Désemparés (tournés tous deux en 1949). A noter que son véritable nom d’état civil était Oppenheimer.

L'ouverture de Lettre d'une Inconnue, seizième réalisation de Max Ophuls et adaptation de la bouleversante nouvelle du même nom de Stefan Zweig, donne le ton du film, avec l'ouverture d'une lettre commençant par : Lorsque vous lirez ceci, je serai morte Ensuite ? C'est ...

Revu Lettre d'une Inconnue de Max Ophüls : c'est un film touché par la grâce qui bouleverse toujours autant la grande romantique que je suis. Louis Jourdan par son charme, son regard, son sourire, cette façon d'être et de s'adresser aux femmes quelles qu'elles soient, incarne ...

Lorsqu’on connait, après Le Plaisir ou Madame de… le raffinement de Max Ophüls, le voir adapter Stefan Zweig relève de l’évidence. La rencontre des deux maitres occasionne une perle mélancolique et mélodramatique. La tenue du récit, tout entier contenu dans la lettre ...