MORTELLE RANDONNÉE

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Mortelle Randonnée nous offre de suivre à travers toute l’Europe un détective privé qui lui-même ne lâche pas d’une semelle une intrigante jeune femme, meurtrière récidiviste de son état, mais qu’il se garde bien de mettre hors d’état de nuire, ayant l’intime conviction que la mystérieuse inconnue n’est autre que sa fille qui lui a jadis été enlevée et dont l’absence reste une douleur insurmontable.

L’intrigante meurtrière a les traits d’Isabelle Adjani, qui livre pour l’occasion l’une de ses prestations les plus bluffantes, dans un rôle à facettes où elle endosse, pour mieux perdre ses poursuivants, toute une série d’identités successives. Mais le personnage et la star se confondent tant il apparaît que c’est Adjani elle-même que le film cherche à cerner, la comédienne étant alors au sommet de sa gloire, de son talent, de son mystère.

Mortelle Randonnée a tous les traits du film noir. Mais c’est un film noir stylisé, opaque, presque abstrait, en tous cas métaphysique, onirique, baigné d’une lumière crépusculaire qui ne permet aucun repère. Cette perle noire  n’a pas fait l’unanimité lors de sa sortie, décontenançant les uns par sa froideur, fascinant les autres par son absolu. On peut bien sûr être troublé par la singularité du film, mais on ne peut pas ne pas saluer le scénario mortifère d’Audiard, la mise en scène glaciale de Miller, le jeu halluciné de Serrault.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LAURA (C'est un film onirique, enveloppant, magique, où on enquête sur une disparue.) ou encore ON NE MEURT QUE DEUX FOIS (C'est un autre film testamentaire écrit par Audiard.).

Mortelle Randonnée n’est sans doute pas le film le plus consensuel de Claude Miller, d’aucuns lui préférant son tout premier opus, La Meilleure Façon de marcher, ou encore L’Effrontée, La Petite Voleuse, Un secret, voire son dernier film, Thérèse Desqueyroux. Mais l’œuvre a ses inconditionnels qui aiment plus que tout cette veine un peu opaque de la création de Miller, qui trouvera son apogée dans La Classe de neige. Le cinéma de Claude Miller est celui de l’ambigüité, du malaise, de la sexualité désordonnée.  Navigant entre un cinéma de l’émotion et des films plus théoriques, distanciés, voire baroques, le cinéaste a plusieurs fois changé son fusil d’épaule. Mais son œuvre possède une unité par sa profonde humanité, le cinéaste ayant manifestement beaucoup de faiblesse pour les faiblesses de ses personnages.

Mais tout autant que la personnalité de Miller, celle de Michel Audiard irrigue le film de part en part. Audiard qui reste le scénariste le plus célèbre du cinéma français et que l’on connaît pourtant si mal. Parce que notre homme était d’abord un dialoguiste de génie et que ses saillies les plus pittoresques pourtant récitées en boucle par des milliers de cinéphiles ne sauraient résumer son être profond. Et d’ailleurs notre homme n’aimait pas particulièrement Les Tontons flingueurs, film référence s’il en est. C’est à la lumière de ses derniers films que l’on perçoit un profond pessimisme que ses arabesques linguistiques ne sauraient davantage cacher. La trilogie Mortelle Randonnée, Garde à vue, On ne meurt que deux fois constituant en la matière comme un testament.

Outre le fait que les dernières années d’une vie sont rarement primesautières, Michel Audiard avait une raison supplémentaire de se montrer chagrin : son fils ainé était mort quelques temps plus tôt dans un accident de voiture. Un trait commun avec Michel Serrault. Le savoir permet de regarder Mortelle Randonnée avec un autre œil, d’en percevoir la profonde mélancolie. Et de comprendre les racines du voyeurisme de L’œil, le nom que le détective s’est lui-même donné, regardant vivre les autres alors que lui a tant de mal à le faire. Mais n’est-ce pas la définition du cinéma ?

Elle est très jeune, franchement jolie... et extrêmement dangereuse ! Dissimulant sous un délicat visage d'ingénue des pulsions meurtrières qui vont en faire l'ennemie publique numéro un. Lui est un homme mûr entre deux âges, avec une tête de monsieur-tout-le-monde au-dessus ...

Mortelle Randonnée n'est pas vraiment un film, c'est un cri ! Cri de douleur de Michel Audiard et de Michel Serrault qui venaient tous deux de perdre une fille. Michel Serrault interprète le rôle d'un détective privé, surnommé "L’œil" qui survit tant bien que mal en tentant ...

Non, Madeleine. Cette fois, je brûle. Je crois avoir trouvé. J'en suis sûr. Madeleine, tu m'écoutes ? Dépêche-toi, j'ai un bain qui coule. Celle qui a un regard triste, tout en haut, à gauche. Marie avait ce regard-là. C'était une enfant très gaie mais avec ...