SANS FILTRE

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A longueur d’émissions, de post ou de « tiktoqueries », on nous vend notamment le rêve de la réussite par des villas de rêve au soleil, des bolides fuselés et des yachts luxueux voguant sur des mers azurs... Si vous croyez que la croisière s’amuse forcément toujours, vous allez tomber de haut en découvrant celle que vous réserve Ruben Ostlund !

Le cinéaste suédois a imaginé un redoutable jeu de massacre dans lequel un couple de mannequins-influenceurs se joint à une traversée qui promet d’être paradisiaque sur un bateau de luxe. Malheureusement, les lubies d’un capitaine un peu à l’ouest mais sans boussole et une tempête qui se profile à l’horizon vont rebattre les règles du jeu. Et si le petit personnel prenait sa revanche, porté par des éléments déchainés ?

Voici une fable outrancière, cruelle et sociale qui permet à son réalisateur de dire beaucoup de chose sur cette époque du paraître mais qui a aussi le talent de placer chacun de ses « héros » devant la responsabilité de leurs actes...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PARASITE (La société est parfois si injuste que les plus faibles décident de se rebeller contre leurs "maîtres" supposés et leur vengeance est alors terrible !) ou encore TITANIC (Un bateau, des éléments déchainés ou une nature dangereuse, un naufrage et chacun tente de survivre comme il peut à la catastrophe...).

Avec « Sans filtre », Ruben Ostlund poursuit dans la veine qui a jusqu’ici fait sa renommée : celle d’un cinéma rugueux, pas forcément aimable, qui met ses personnages face aux conséquences de leurs actes et leur en fait souvent payer le prix... C’était déjà le cas dans « Snow therapy » en 2014, (le film qui révéla le réalisateur au grand public), dans lequel un père de famille en plein doute sur sa place de mari et de père abandonnait les siens pour sauver sa peau durant une avalanche avant de vouloir reprendre sa place une fois le danger passé... En 2017, « The square » imaginait comment le très humaniste conservateur d’un musée d’art contemporain de Stockholm allait révéler sa véritable personnalité (bien moins admirable) lors du vol de son téléphone portable. Et vous venez donc de voir « Sans filtre » où la croisière supposée être paradisiaque d’un groupe de nantis vire au cauchemar sur fond de lutte des classes et de féminisme...

Présenté en 2022 au Festival de Cannes en compétition, ce film ne pouvait que séduire un jury présidé par Vincent Lindon, lui-même adepte d’un cinéma social assumé. Ruben Oslund obtient là une deuxième récompense suprême en six ans, entrant dans le tout petit club des metteurs en scène doublement palmés. Ils sont neuf au total à s’être ainsi illustrés à ce jour : c’est un autre Suédois, Alf Sjöberg qui a initié la chose en 1946 avec « Tourments » puis en 1951 avec « Mademoiselle Julie », à l’époque où l’on décernait un Grand Prix et pas encore une Palme...

Ont suivi : Francis Ford Coppola en 1974 avec « Conversation secrète » et « Apocalypse now » en 1979. Virent ensuite Shöhei Imamura, (« La ballade de Narayama » en 1983 et « L‘anguille » en 1997), Emir Kusturica, (« Papa est en voyage d’affaires » en 1985 et « Underground » en 1995), Bille August, (« Pelle le conquérant » en 1988 et « Les meilleures intentions » en 1992), Luc et Jean-Pierre Dardenne, (« Rosetta » en 1999 et « L’enfant » en 2005), Ken Loach, (« Le vent se lève » en 2006 et « Moi, Daniel Blake » en 2016), Michael Haneke, (« Le ruban blanc » en 2009 et « Amour » en 2016) et donc désormais Ruben Oslund...

Je comprends maintenant, après avoir découvert ce film, pourquoi sans filtre a obtenu la Palme d'Or. C'est tout simplement le talent d'un réalisateur suédois, Ruben Östlund, qui réussit la performance d'un humour, dans ces instincts les plus bas, pour une ...

La nature humaine, surtout vue à travers ses bassesses et sa médiocrité, est le sujet préféré de Ruben Ôstlund qui n'hésite pas à pousser le curseur à son maximum dans Sans filtre (traduction oiseuse de Triangle of Sadness) dans lequel le capitalisme prend cher, à ...

La croisière s’amuse Puisqu’il s’agit ici d’évoquer un film qui ne fait pas de la dentelle, allons droit au but : Triangle of Sadness est un film qui vous explosera à la tronche. Ruben Östlund emporte le spectateur à bord d’un étrange voyage, un curieux objet de ...