UN DIVAN À TUNIS

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Pour son premier long métrage, Un Divan à Tunis, la réalisatrice franco-tunisienne Manele Labidi a décidé de se lancer dans une radioscopie de la Tunisie, post-printemps arabes. Mais loin d’en tirer un drame ou un thriller tendu, sa thérapie à elle passe avant tout par l’humour.

On y suit Selma, 35 ans, qui ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis après avoir exercé en France. Dans cette Tunisie post-révolutionnaire, les clients se font nombreux. Seulement, Selma a oublié un détail majeur : s'acquitter des formalités pour obtenir l'indispensable autorisation nécessaire à pratiquer son activité.

Situations rocambolesques, voisinages hauts en couleurs, bavards ou traumatisés, réadaptation à un environnement connu mais soudain devenu un peu étranger, tout y passe dans cette psychanalyse légère menée par la talentueuse actrice iranienne Golshifteh Farahani que l’on avait pu notamment croiser chez Jim Jarmusch ou Atiq Rahimi.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HEDI, UN VENT DE LIBERTÉ DE MOHAMED BEN ATTIA (Les deux films sont à la lisière de la comédie et du drame dans un contexte post-Printemps arabe) ou encore LA BELLE ET LA MEUTE DE KAOUTHER BEN HANIA (Là aussi la Tunisie réfléchit sur sa propre situation et surtout sur la place des femmes du point de vue d'une cinéaste).

C’est en 2011 que germe l’idée d’Un divan à Tunis dans l’esprit de Manele Labidi. La Tunisie vient de sortir de sa révolution et le pays et le peuple sont à la fois vainqueurs et un peu perdus suite à ce changement radical provoqué par la chute de Ben Ali. Comme la cinéaste l’explique, les Tunisiens jusqu’alors contraints à une forme de retenue et de silence en raison de la dictature ont soudainement retrouvé la parole. Un peuple devenu bavard ayant pour besoin d’exprimer à la fois son soulagement et sa crainte de l’avenir. La crise qui a suivi la révolution était aussi d’ordre psychique entre dépression et anxiété provoquée par la crainte d’une crise économique et le spectre islamique et terroriste.

C’est aussi pour cette raison que la réalisatrice, dont il s’agit ici de la première oeuvre, a fait le choix de la comédie. Le monde arabe était bien trop souvent réduit aux questions d’islamisme, de terrorisme ou encore de question du voile, elle a tenu à mettre en scène un film joyeux, animé et drôle. Sans pour autant oublier, de manière sous-jacente, les problématiques qu’il rencontre que ce soit la question de la place de la femme, les interactions hommes-femmes encore bien trop indécises et commandées par des préceptes un peu dépassés. La question de la sexualité, du genre, l’opposition Orient-Occident mais aussi la pression policière ou l’administration kafkaïenne et un chouïa rocambolesque du pays, tout y passe avec un grand sourire.

Un divan à Tunis s’inscrit dans une liste de longs métrages créés en réaction à cette période clé des printemps arabes qui s’est déroulée de 2010, avec la Tunisie en fer de lance, et s’est achevée vers 2013 entrainant, avec plus ou moins de succès et avec des conséquences plus ou moins heureuses d’autres pays comme le Maroc, la Libye ou encore L’Egypte. Une révolution populaire, politique et culturelle qui a aussi permis l’émergence de plusieurs cinéastes comme les Tunisiennes Kaouther Ben Hania avec Le Challah de Tunis ou Leyla Bouzid et A peine j’ouvre les yeux, la Syrienne Gaya Jiji avec Mon tissu préféré ou encore Hicham Lasri et son C’est eux les chiens… Une nouvelle génération de cinéastes pour un monde nouveau.

On imagine bien, depuis le confort de nos sièges de cinéma parisiens, qu'il n'est pas si simple de parler de son pays quand on est (franco-)tunisienne, et que ce pays continue à subir les soubresauts de l'après-"Printemps Arabes", avec une société qui hésite toujours entre ...

Elle n’est pas voilée. Elle n’est pas mariée. Elle fume en public, importune Freud qui, le temps d’une virée en voiture, a troqué sa chéchia contre son sérieux d’antan. Selma est une psychanalyste bien décidée à implanter dans son pays d’origine des pratiques ...

Bien qu'imparfait ce premier film de Manele Labidi est néanmoins réussi. L'humour qui s'en dégage n'a pas déclenché chez moi d'irrésistibles fous rires hormis cette scène où l'un des personnages se sentant des aptitudes au kung fu, énervé par l'attitude des flics, balance ...