Le cinéma a été très tôt séduit par Vidocq. A l’époque du muet, dès 1909 Harry Baur est la vedette de La Jeunesse de Vidocq. En 1923, René Navarre qui avait joué Fantômas pour Louis Feuillade devient Vidocq dans un film en 10 épisodes. Après l’apparition du parlant, en 1939, André Brûlé prend la relève, puis à Hollywood c’est au tour de George Sanders dans Un scandale à Paris de Douglas Sirk en 1946. Plus tard, en 2001, Gérard Depardieu l’incarne dans le film de Pitof. La télévision l’a aussi mis en scène d’abord sous les traits de Bernard Noël puis ceux de Claude Brasseur. On pourrait également ajouter Michel Simon et les acteurs qui ont campé le Vautrin de Balzac. Le romancier se serait en effet inspiré de Vidocq pour créer cet ancien forçat devenu chef de la police, présent notamment dans Illusions perdues.

Comment ne pas être fasciné par Vidocq quand on est romancier ou cinéaste ? Né en 1775 à Arras, Eugène-François Vidocq connaît la prison dès l’âge de treize ans pour avoir volé des couverts à ses parents. Peu après, c’est la caisse de la boulangerie paternelle qu’il pille. Mais il se fait lui-même dépouiller… De vols en escroqueries, il est enfermé aux bagnes de Brest puis de Toulon et ses évasions feront sa réputation. Devenu policier puis patron d‘une agence de détectives privés, il livre ses mémoires en 1828 mais, en faussaire invétéré, Vidocq sait aussi construire sa légende. Et bien des historiens s’interrogent sur la réalité de certains de ses exploits.

Jean-François Richet, lui, a eu à coeur de faire revivre le passé avec précision. Pas question par exemple de reconstituer Paris à Prague comme cela se fait souvent pour des raisons de budget. » Prague, c’est Paris pour les Américains qui n’y connaissent rien. » dit-il. Afin que les coûts soient maîtrisés sans concession artistique, le scénario a connu une quinzaine de versions. L’obsession du réalisme s’est logée jusque dans les pavés qu’on voit à l’écran et qui datent de l’Empire. Le réalisateur a de plus exigé qu’ils soient posés comme autrefois pour aider les comédiens à s’immerger complètement dans la période. Et, non sans fierté, le réalisateur affirme que les professeurs d’histoire peuvent montrer le film à leurs élèves et dire : « Voilà... Paris c’était ça.»

Sa filmographie