A VERY ENGLISHMAN

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A Very English Man ne doit pas seulement être envisagé comme un film de Michael Winterbottom, mais comme une œuvre du tandem Winterbottom/Steve Coogan, tant les longs métrages que le cinéaste américain réalise avec l’acteur et comique anglais tranchent avec le reste de sa filmographie, pourtant variée.

Après The Trip, le metteur en scène et son acteur investissent un terrain proche de leur première collaboration, 24 Hour Party People, biographie du manager Tony Wilson. Comme pour ce film, le duo livre l’histoire d’une personnalité célèbre au Royaume-Uni, et parfaitement inconnu dans notre vieille France. Il s’agit de Paul Raymond, fameux pornographe et homme d’affaires. Un croisement improbable et véridique entre Larry Flynn, pour son empire érotique, et Bernard Tapie, pour son sens redoutable des affaires, qui fit un moment de lui l’homme le plus riche d’Angleterre.

L’ascension de cet étonnant personnage démarre à la fin des années 50, et permet donc à Winterbottom de filmer, avec une touche rétro et kitsch assumée, cette Angleterre des sixties et seventies qui demeure un objet indémodable de fascination. Coogan lui reste fidèle à son registre, et donne à sa prestation ce mélange de roublardise, de charme et d’égoïsme purs qui l’ont rendu célèbre outre-Manche. Bref, comme le titre français l’indique, il s’agit d’une bien œuvre anglaise à tous les niveaux. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 24 HOUR PARTY PEOPLE (L'autre biographie du tandem Winterbottom/Coogan. Une oeuvre un peu plus légère et délirante, mais qui conserve ce mélange complexe entre le sérieux d'une biographie et l'ironie d'un ton loin du drame traditionnel.) ou encore BOOGIE NIGHTS (Comme pour A Very English Man, Boogie Nighs évoque le monde disparu de l'érotisme des années soixante et soixante dix, avant l'arrivée de la vidéo et une certaine fin de l'innocence.).

A Very English Man est le quatrième film du tandem Steve Coogan/Michael Winterbottom, mais leur première incursion dans un genre plus dramatique. Leur collaboration est, comme dans toutes les grandes histoires entre acteurs et cinéastes, à double sens. Si Winterbottom est bien l’auteur du film, le projet vient du comédien. Coogan voulait absolument délaisser ses personnages comiques, devenus encombrants, et jouer Paul Raymond. Il a convaincu le réalisateur en se livrant à une imitation du vrai Raymond, personnage légendaire au pays de sa majesté.

Paul Raymond est mort en 2008 et a été officieusement appelé le roi de Soho, à la fois pour sa domination presque totale sur le monde la pornographie, et son statut de propriétaire foncier d’à peu près toutes les salles de spectacle de ce quartier. Le cinéaste a donc perçu le film comme une occasion d’évoquer, à travers cette flamboyante célébrité, quarante années du fameux Soho londonien, du pic de la libération sexuelle des années 1960 aux désillusions parfois violentes des années 1980. La vie de Raymond était totalement publique, puisque sa célébrité médiatique, et sa réputation, était capitale dans le succès de ses magazines érotique. Ils vendaient, en matière de rêves, son mode de vie de playboy jouisseur international.

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