AFERIM!

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Le scénario explore la thématique de l’esclavage des roms au XIXème siècle en Roumanie. Une tragédie encore taboue aujourd’hui, traitée ici à travers la quête d’un père et son fils, à la recherche d’un esclave évadé qu’ils veulent ramener à son « propriétaire », d’autant qu’il est soupçonné d’avoir séduit la femme de ce dernier. Un véritable pamphlet contre les préjugés racistes qui perdurent au cœur de la société roumaine contemporaine...

Radu Jude choisi la forme du western pour narrer cette histoire située dans la première moitié des années 1800. Cela lui permet d’utiliser le décorum inhérent à ce genre : paysages sauvages et déserts, solitude des personnages principaux, rencontre avec des archétypes également présents dans les films sur l’Ouest américain, corruption massive de la société de l’époque, peur d’un changement de temps en forme de bascule inéluctable...

Le réalisateur s’est appuyé sur un casting malin. D’un côté, des comédiens roumains réputés et reconnus comme Teodor Corban, (« 4 mois, 3 semaines, 2 jours », « Au-delà des collines »), ou Luminita Gheorghui, (« La mort de Dante Lazarescu » ou « Mère et fils »), mais également des acteurs non professionnels comme le petit Alberto Dinache, découvert par Radu Jude lors d’un repérage dans une école de Bucarest...

Les plus littéraires d’entre vous reconnaitrons au hasard des dialogues des extraits d’œuvres célèbres comme celles empruntées à Anton Tchekov dans « Oncle Vania ». Ces mots se mêlent à d’autres empruntés à divers dialectes roumains, turcs ou romani mais aussi des injures rappelant le contenu grivois des ouvrages de Rabelais ou Boccace...

La Roumanie des années 1800 n’est pas le cadre de vie le plus agréable qui soit. Déjà c’est dans les années 1800, une époque où l’on vit entassé les uns sur les autres comme de vulgaires tas de foin mal rangés dans des baraquements où les rats se promènent gaiement ...

Si Pieter Brueghel avait vécu en Valachie en 1835, il est évident qu’il aurait peint les scènes de genre ou les paysages, comme les filme Radu Jude dans « Aferim ». On ne peut pas plus beau compliment. Car « Aferim » est de premier abord une œuvre particulièrement soignée ...

AFERIM ! (Radu Jude, ROU/BULG, 2015, 108min) Un western picaresque, une farce roumaine atypique qui nous ramène en 1835 pour suivre les aventures à cheval d'un brigadier et son fils parcourant la campagne roumaine à la recherche d’un esclave gitan accusé d’avoir séduit ...