ARTHUR, UN AMOUR DE MILLIARDAIRE

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Tiens tiens, un homme masqué !  Sa poitrine, bombée, est du plus bel effet avec, en son sein, un cercle jaune. Mais voilà, la chauve souris n'est plus ce qu'elle était. Notre Batman de pacotille préfère souffler dans son harmonica. Ou bien ganter ses mains telle une diva version queer. Et lorsque le masque tombe, un grand escogriffe hirsute surgit. Arthur, le bien nommé, est un enfant dans un corps d'adulte. Pour lui, vraiment tout est possible. Et même d'avoir une véritable batmobile pour s'amuser avec ses amis, tous aussi débiles et attachants.

Biberonné dès son plus jeune âge aux joies de l'entertainment, notre héros, à la cervelle de petit pois, va se retrouver devant un dilemme affreux : se marier ou perdre sa fortune colossale. Sa mère, terrible femme d'affaire, ne tolère plus ses frasques. Même sa chère nounou (l'impeccable Helen Mirren) y met du sien, elle qui va jusqu'à lui rappeler qu'il doit proprement tirer le prépuce lors de sa toilette, après tout rapport sexuel. Même si c'est un immature et un alcoolique , Arthur n'en reste pas moins un grand sentimental. Et nan nan et nan, il refuse ce chantage. Mais il lui est encore plus difficile pour lui de rompre le cordon monétaire. Vous vous en doutez bien, les hasards de l'amour vont s'en mêler.

Cette romance doucement déglinguée nous offre des scènes incongrues, dont certaines hilarantes comme celle où la future épouse, un brin collante, se retrouve au sens propre collée au lit.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BIG DE PENNY MARSHALL (1988) (Les tribulations d'un enfant dans un corps d'homme - celui de Tom Hanks !) ou encore MON BEAU-PERE ET NOUS (2010) (Une comédie familiale dans le même style, avec Ben Stiller dans un rôle également loufoque.).

Ce n'est pas un hasard si Jason Winer, pour sa première réalisation au cinéma, s'est attelé à ce film. En effet, Arthur, un amour de millionnaire est le remake du film Arthur réalisé en 1981 par Steve Gordon avec Dudley Moore dans le rôle principal.

Pour ce jeune réalisateur, le remake – outre le fait de lui permettre de minimiser les risques, lui offre surtout l'occasion de dépoussiérer un succès d'il y a trente ans. Alors que notre Arthur des années 80 avait un majordome, notre Arthur du 3e millénaire est flanqué d'une nounou qu'il a pu téter jusqu'à ses 6 ans révolus. L'air de rien, Jason Winer nous tend un miroir où ce qui s'y reflète n'est pas aussi plaisant à voir. C'est une image de notre société où la consommation à outrance va de pair avec une infantilisation accélérée. Pire encore, les femmes sont soit des mères de substitution asexuées, soit de féroces requins de la finance. Nick Nolte, en futur beau-père attaché aux valeurs du travail, paraît presque incongru dans ce monde des vanités futiles.

Jason Winer, formé à la scène tout comme son acteur principal Russell Brand, n'hésite pas à faire usage de reparties salaces, tout en offrant à son interprète des scènes de pur loufoquerie. Dans la lignée du burlesque, Russell Brand, affublé de tenues les plus extravagantes les unes des autres, prend un plaisir fou à grimacer et se rouler au sol. Pour s'endormir le soir dans son grand lit, bercé par un conte de fées.  Tout burlesque est un peu monstrueux. Depuis quelques années, des cinéastes américains renouvellent la comédie en y insufflant un esprit volontiers imbécile, potache, souvent grossier, toujours axé sur les rapports garçons-filles. Des frères Farelly à Judd Apatow, de Greg Mottola Ben Stiller, Jason Winer pourrait être le dernier né de cette école du rire made in USA.