CHAPEAU MELON ET BOTTES DE CUIR

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Un savant fou fait la pluie et le mauvais temps dans un Londres étrangement désert. L'agent spécial John Steed est appelé à résoudre cette affaire nébuleuse. Il doit pour cela chausser ses bottes de cuir, soit une paire d'Uma Thurman... Une paire d'Uma Thurman? Eh oui, elles sont deux , la vraie et la fausse, la gentille et la méchante, l'ingénieuse météo et la vilaine poupée en latex noir...
Et c'est donc le rôle fétiche -- à tous les sens du terme -- tenu par Diana Rigg dans les années 60 qu'Uma Thurman reprend ici. La tâche est délicate: les fans de la série éponyme lui vouent un culte; et dans culte, il y a... cette vénération vouée au personnage de Madame Peel et à ses tenues aussi affriolantes qu'abracadabrantesques.

Après le remake des Diaboliques, le projet mené par le réalisateur canadien Jeremiah Chechik, et par son producteur, Jerry Weintraub, renvoie à l'âge le plus doré de la série créée par Brian Clemens, les deux saisons, entre 65 et 67, avec Diana Rigg dans le rôle d'Emma Peel. Du coup, si vous voulez bien, après le film, nous regarderons un peu la télé.

En attendant, sachez que dans cette aventure météo à gros spectacle, on croise l'historique John Steed, Patrick Macnee, mais sous une forme assez peu charnelle... et surtout l'historique James Bond, en la personne de Sean Connery, cette fois du côté obscur de la force et affublé de l'amusant patronyme de Sir August De Wynter (Sir Août d'Hyver) en clin d'oeil à son personnage de détraqueur de météo.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MISSION: IMPOSSIBLE ou encore AU SERVICE SECRET DE SA MAJESTÉ .

Bon, on ne va pas s'éterniser là-dessus: Ralph Fiennes n'est pas Patrick Macnee et surtout, surtout, Uma Thurman n'est pas Diana Rigg. Et si elle s'était appelée Nicole Kidman, comme il en fut question un moment, cela n'y aurait sans doute rien changé. Signalons aussi que le film marqua la fin de la carrière ciné de son réalisateur, Jeremiah Chechick, qui trouva depuis refuge à la télé. Oublions donc ce petit moment de grand écran et retournons à ce grand moment de télévision que fut la série. Une série dont le père spirituel, producteur et scénariste s'appelait Brian Clemens.

Une série à forte connotation sexuelle, comme le souligne fort lourdement son titre français, à la différence du titre original, the Avengers (les Vengeurs).

Une série née dans les années 61 et dont le héros était alors le Dr David Keel, assisté d'un certain John Steed.
L'année suivante Steed prenait les commandes, assisté d'une Cathy Gale incarnée par Honor Blackman, toute de cuir vêtue et qui l'assistera jusqu'à la fin de la troisième saison, en 64.Ces 78 premiers épisodes restent inédits en France, et assortis d'une réputation moins que moyenne.

Pour nous, c'est à la quatrième saison que la série a commencé, celle de 65-66, en noir et blanc, en 35 mm et introducing Emma Peel.
Cette saison correspond à la nouvelle charte établie par Brian Clemens et son associé Albert Fennell: on ne tue pas de femme (mais on peut les ligoter, les bailloner et même les humilier...); pas de figurant et aucun réalisme. Voilà les ingrédients du mythe Chapeau melon, auquel il faut en ajouter un, à l'origine de tous les autres: le manque de moyens. Car Chapeau melon fut une série plutôt fauchée, même quand Emma Peel passa en couleurs, pour sa deuxième et dernière saison, en 66-67.
Une Emma qui deviendra Tara -- Tara King -- sous les traits de Linda Thorson et qui, 10 ans plus tard, deviendra Purdey, grâce à Joanna Lumley.

Quant à ceux qui douteraient encore du caractère exceptionnel de Diana Rigg, rappelons qu'elle fut aussi plus qu'une James Bond girl: elle fut LA James Bond girl, puisqu'elle fut la seule à épouser 007. C'était dans Au service secret de sa Majesté, le film de 69 avec George Lazenby dans le rôle de Bond. Malheureusement, elle fut presque aussitôt assassinée.