CRIMES ET JARDINS

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Crimes et jardins est le tout premier long métrage de Jean-Paul Salomé, que l’on connaît pour ses comédies comme Je fais le mort, ou Restons groupé. Il a été réalisé en 1991 pour la télévision, et coécrit avec Laurent Bénégui et Valérie Bonnier.

Il se présente comme un mélange de polar et de comédie, dans lequel la légèreté est le maître mot. Pas question ici d’angoisser le spectateur avec un suspense insoutenable, ni de le choquer avec des séquences violentes. Au contraire, tout, du jeu des acteurs aux dialogues, en passant par les situations, tend systématiquement vers l’outrance et le clin d’oeil. Comme pour lui rappeler que tout cela est une farce destinée à son unique divertissement.

On assiste ainsi à un festival de répliques piquantes et parfois même loufoques, qui viennent pimenter des situations elles-mêmes assez fantaisistes, comme la réunion des membres d’un ancien orchestre qui ont tous été amoureux de la chanteuse, ou une succession de meurtres plus absurdes les uns que les autres.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MONOCLE RIT JAUNE (Autre parodie facétieuse et irrésistible, cette fois du cinéma d'espionnage, dans lequel la vraisemblance compte bien moins que les répliques en forme d'aphorismes et les situations cocasses.) ou encore IDENTITY (Une nuit, dix étrangers se retrouvent par hasard dans le même motel. Lorsqu'ils commencent à se faire assassiner les uns après les autres, les survivants s'organisent pour trouver l'assassin.).

Parfaite démonstration de cinéma parodique qui ne se soucie ni de vraisemblance, ni de mesure, Crimes et jardin joue avec les codes du film criminel en imaginant un meurtrier déguisé en magicien qui tue théâtralement ses victimes, tout en faisant passer leur mort pour des accidents ridicules. L’enquête est elle-même réduite à peu de choses : d’un côté le véritable policier qui a toujours un train de retard, et de l’autre l’employée de la morgue qui trouve plus facilement l’amour que l’assassin. Le spectateur, lui, a toujours un temps d’avance sur les personnages, et se délecte à la fois de leur manque de perspicacité et de leurs atermoiements.

Au service de cette intrigue on ne peut plus loufoque, on retrouve un casting cinq étoiles, qui réunit de nombreux acteurs d’après-guerre comme Jean-Pierre Aumont, qui interprète un personnage malicieusement nommé Lamoureux, le grand comédien de théâtre Michel Robin et Daniel Gélin, le jeune premier des années 50. On retrouve également le violoncelliste Maurice Baquet et l’acteur Henri Garcin qui a joué chez François Truffaut, Agnès Varda et Marguerite Duras, et est bien connu du grand public pour la série télévisée Maguy dans laquelle il interprète le meilleur ami de Jean-Marc Thibault.

À leurs côtés, le casting féminin est du même acabit. C’est en effet la comédienne de premier plan Magali Noël qui prête ses traits et son énergie à l’ensorceleuse Suzanne dont tombent amoureux tous les hommes. Elle est notamment célèbre pour ses rôles chez Federico Fellini, et pour avoir été l’interprète de la fameuse chanson écrite par Boris Vian, Fais-moi mal, Johnny. La chanteuse et comédienne Ginette Garcin, vue chez Jean Yanne et Claude Lelouch, joue, elle, le rôle de sa soeur moins gâtée par la vie. Enfin, c’est Zabou Breitman, déjà actrice et pas encore cinéaste, qui incarne la jolie employée de la morgue.