EFFACER L'HISTORIQUE

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Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a donc Marie, victime de chantage via une « sextape », Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée et Christine, conductrice de VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller en sa faveur. Ensemble, ils décident alors de partir en guerre contre les géants d’internet responsables de leurs maux. Est-ce une bataille perdue d’avance ? Tel est le point du départ du neuvième film réalisé par le tandem  composé de Benoit Delépine et Gustave Kervern, Effacer l’historique.

Comme toujours avec ces deux complices, l’idée de départ est venue de leur quotidien respectif et des situations souvent ubuesques ou scandaleuses générées par tel abonnement  téléphonique prohibitif ou telle commande perdue dans les méandres insondables de la toile. Comme le dit tout de go Gustave Kerven : « il faut bloquer un après-midi pour résoudre un truc. On se demande soi-même si on n’est pas inadapté pour en parler aux gens et on s’aperçoit que tout le monde vit à peu près la même chose. J’ai frôlé le burn-out avec ça. »

Et Benoit Delépine d’enfoncer un peu plus le clou : « La vie quotidienne est devenue une hallucination permanente. Pour faire nos films, on est souvent débordés par la réalité. » Pour écrire leur scénario, les deux auteurs-réalisateurs ont donc fait appel a leurs propres expériences tout en se documentant très sérieusement auprès de hackers afin de rendre vraisemblables les situations inventées notamment le voyage de Marie, alias Blanche Gardin, pour San-Francisco.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOUR DE FRANCE (Le film de Rachid Djaïdani explore, comme ceux du tandem Delépine Kervern, une France différente de celle que l'on voit habilement dans le films français) ou encore THE SOCIAL NETWORK (Le film de David Fincher remonte en quelque sorte à la source d'une partie des maux qui frappent le trio de "Effacer l'historique").

Avec Effacer l’historique, Delépine et Kervern poursuivent l’exploration de cette France périphérique souvent oubliée aussi par le cinéma. Les personnages de Mammuthcomme ceux duGrand soirnotamment appartiennent à ces catégories sociales massivement représentées par les Gilets jaunes auxquels le film fait d’ailleurs clairement référence. Une partie du film a été tourné dans cet environnement, un lotissement de la banlieue d’Arras, à Saint-Laurent Blangy, commune dans laquelle les auteurs ont ensuite découvert que Corine Masiero, Christine dans le film y avait passé toute son enfance.

Comme toujours, chez ces deux cinéastes tous deux acteurs par ailleurs, le casting réunit des personnalités fortes et singulières. A l’instar de Corinne Masiero, avec « son côté grande gueule de Depardieu au féminin », comme l’explique Gustave Kervern. A propos de Denis Podalydès, Benoit Delépine dit sans hésiter qu’il s’agit d’un « Woody Allen français, fragile, juste et touchant. Quant à Blanche Gardin, c’était pour les deux cinéastes, « une évidence qui sur scène dépasse tout et atteint un sommet de drôlerie. »

Cette dernière, nouvelle venue dans le monde du cinéma et, de son propre aveu,  plutôt méfiante à son égard, est de fait sur la même longueur d’ondes que les deux auteurs du film : « Je crois que je me reconnais dans tous les personnages de Delépine et Kervern ! Dans Depardieu de Mammuth, dans Yolande Moreau de Mammuthet Louise-Michel. Il n’y a pas chez eux de personnages foncièrement antipathiques, ils nous ramènent toujours à une part acceptables de nous-mêmes. Marie, je l’ai acceptée à 100%. » 

Pas de spoiler particulier J'ai eu la chance de le voir en avant-première, en présence des deux réalisateurs. Pour être précis, c'est plutôt Delépine qui était présent à la fin de la séance pour le débrief, Gustave Kervern ayant passé sa journée coincé dans un TGV ...

(Je suis désolé pour encore un mikado de remarques branlantes... juste après le film). "...le portrait au vitriol d'une société (post soviétique) où règnent l'absurde et le désespoir" (dit SC au sujet d'un autre film, mais proche, d'un Sergeï-Donbass-Loznitsa car ...

Avant de commencer ma chronique je me dois de préciser que globalement j’apprécie le duo Délépine/Kervern, leurs films (j’en ai déjà critiqué certains ici), notamment « le grand soir » (mais par contre moyennement Saint Amour noté seulement 5/10), que j’aime leur ...