EL AGUA

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C’est l’été dans un petit village du sud de l’Espagne. Une tempête menace de faire déborder une nouvelle fois la rivière qui le traverse. Une ancienne croyance populaire assure que certaines femmes sont prédestinées à disparaître à chaque nouvelle inondation, car elles ont « l’eau en elles ». Une bande de jeunes tente de survivre à la torpeur de l’été : ils fument, dansent, se désirent. Dans cette atmosphère électrique et festive, Ana et José vivent une histoire d’amour, jusqu’à ce que la tempête éclate…. Tel est le synopsis du film El Agua réalisé par Elena Lopez Riera et co-écrit avec Philippe Azoury.   

La cinéaste espagnole, dont c’est le premier long métrage, s’est beaucoup inspirée de son village natal pour écrire son film. La légende dont elle fait état existe bel et bien, même si elle l’a quelque peu modifiée : « je me souviens, dit-elle ainsi, des récits des vieilles femmes du village qui parlaient de femmes avalées par le fleuve. Selon les croyances locales, elles seraient condamnées à disparaître à chaque nouvelle crue. Comme une malédiction qui les poursuit. »  

Ce qui intéresse ici Elena Lopez Riera, c’est assurément le mélange des genres entre d’un côté une peur viscérale, ancestrale et irraisonnée de l’eau, et de l’autre un besoin vital de cette même eau dans une région très sèche qui vit d’une agriculture intensive complétement créée par les habitants à partir d’une nature domestiquée. Et la cinéaste de préciser avec malice : « on a un saint pour la pluie et un autre pour éviter des pluies trop importantes. » L’eau est ainsi à la fois redoutée et désirée. C’est assurément l’un des axes majeurs du scénario de El Agua. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA JEUNE FILLE DE L’EAU (Dans ce film, M. Night Shyalaman explorait à sa façon les facettes du merveilleux et fu fantastique liées à l’univers aquatique) ou encore AS BESTAS (Comme celle de EL AGUA, l’intrigue de AS BESTAS se déroule dans un petit village espagnol, se fondant en partie sur la description d’une communauté rurale aux prises avec la modernité.).

La réalisatrice espagnole Elena Lopez Riera ne cache pas sa volonté d’avoir voulu évoquer un pan du machisme ibérique qui passe dans le cas présent par une reproduction féminine de la loi des hommes : « chez nous, explique-t-elle ainsi, les peurs, les interdits, par rapport à la sexualité, sont transmises par la mère. Ce sont les femmes qui intériorisent et reproduisent la loi des hommes. Pourquoi nous transmet-on des choses qui nous empêchent de grandir ? »  

Au-delà de sa forte dimension culturelle espagnole, le film a été écrit par la cinéaste avec le critique de cinéma français, Philippe Azoury, qui a notamment écrit sur Jim Jarmusch et Jean Eustache. « On était proches, on discutait tout le temps de cette histoire de cette région du sud de l’Espagne, Orihuela (Alicante) qu’il connaît très bien » a raconté la réalisatrice. En ajoutant : « Tout ce qu’on a imaginé ensuite pendant un an et demi d’écriture est finalement arrivé le 13 septembre 2019, alors qu’on terminait le scénario. Il y a eu de nouveau une inondation dans mon village, la plus forte depuis 130 ans ! »  

Elena Lopez Riera revendique hautement la dimension fantastique, voire fantasmée de son récit : on ne saura jamais si cette histoire est vraie. Mais dès que cela devient une réalité pour le personnage d’Ana, tout change et le surnaturel devient réel. Comme si la dureté de cette région poussait ses habitants à inventer une poésie, un ailleurs, une sorte de « vraie vie » bien plus réelle que la réalité elle-même. Un besoin absolu de magie et de surnaturel. C’est du moins ce que El Agua montre ou démontre à ses spectateurs. 

Plusieurs fois par siècle, le village où vit la jeune Ana, sa mère et sa grand-mère dans le sud-est de l’Espagne est frappé par des inondations massives lorsque le fleuve Segura entre en crue. Maudites par une légende locale qui voudrait que chaque débordement torrentiel ...

Sous la chaleur écrasante du sud de l’Espagne le réalisateur et les protagonistes nous font découvrir lentement une histoire d’amour estivale et juvénile… Mais, à travers cette simple amourette se cache une histoire plus profonde et mystérieuse. On évolue petit à ...