EMILIA PÉREZ en VOD
- De
- 2024
- 132 mn
- Drame
- France
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
A l’origine du film, il y a une lecture, celle du roman Ecoute, de Boris Razan, publié en 2018. On y retrouve, parmi d’autres destins, un personnage de narcotrafiquant qui veut changer de vie en devenant physiquement une jeune femme qu’il a aimé, et qui a été assassiné par une bande rivale. Ce personnage, qui n’est pas central dans le roman, interpelle tellement Jacques Audiard, qu’il décide d’en faire le coeur de son film, dont le scénario a été écrit durant le premier confinement et a rapidement pris la forme d’un opéra.
Emilia Pérez, s’il n’est pas une comédie musicale classique comme celles qui ont fait le bonheur des spectateurs et la richesse des studios hollywoodiens, est tout de même un film infiniment musical. Par sa structure en actes et par ses personnages archétypaux, il relève de l’opéra, par son caractère spectaculaire (dans la danse, les lumières et les décors), il renvoie à la comédie musicale. Mais ce qui frappe aussi dans le film, c’est la musicalité de la langue, dont on ne sait jamais à quel moment elle va se muer en chanson. Pour reprendre les termes de Camille Ducol, parolière des chansons du film il s’agit, un peu comme chez Jacques Demy, « d’enchanter le réel ».
Pour porter le film, Audiard s’est appuyé sur une équipe de femmes expérimentées, dont Zoé Saldaña, qui a grandi en regardant des films français et a une formation de danseuse et de performeuse de music-hall et Karla Sofía Gascón, actrice qui a elle même vécu la transidentité et qui a fait, selon les termes même de Jacques Audiard, toute son « éducation sur le sujet » de la transidentité. Karla et Zoé ont pu se rencontrer un an avant le début du tournage, pour répéter avec Audiard et être le plus à l’aise possible l’une avec l’autre. L’alchimie entre les actrices fonctionnent parfaitement, et sera même récompensée d’un prix d’interprétation collective au Festival de Cannes en 2024 pour Karla Sofía Gascón, Zoé Saldaña, Selena Gomez et Adriana Paz.
Bien qu’imprégné de culture mexicaine, le film est presque intégralement tourné en région parisienne, dans les studios de Bry-sur-Marne. Seules une scène d’intérieur et une scène de procession dans un village ont été tournées au Mexique. Les nombreux effets spéciaux numériques, présents sur plus de 350 plans sont eux-aussi made in France, sous la supervision de Cédric Fayolle. Chaque décor, chaque rue, où seuls quelques éléments étaient présents physiquement (ajout d’arbres, de sols, de bâtiments), a été retouché numériquement pour leur donner l’ampleur et l’homogénéité visible dans le résultat final.