EMMANUELLE

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Comment réinventer l’érotisme en 2024 ? C’est la question que nous pose Audrey Diwan en s’attaquant à bras le corps à une sommité sensuelle de la littérature et du septième art : Emmanuelle. Cette figure iconique, représentée lascive dans sa grande chaise de rotin, a fasciné les spectateurs et spectatrices de son époque et continue d’incarner le summum langoureux. De nombreuses suites, téléfilms et autres métrages suivront la célèbre version de 1974 signée Just Jaeckin. L’interprétation de Fabrice Giacobetti, souvent connue sous le titre d’Emmanuelle 2, est aussi désignée sous le nom d’Emmanuelle l’anti-vierge. Et si, Audrey Diwan nous proposait ici un anti-Emmanuelle ?

La chaleur et la moiteur de Bangkok sont remplacés par l’immensité pluvieuse des buildings d’Hong Kong. Des néons et des façades noires et lisses à perte de vue. Emmanuelle troque ses airs de gamine et s’affirme, dans la peau de Noémie Merlant, en business woman méticuleuse. La photographie, particulièrement léchée, révèle les décors somptueux d’un hôtel de luxe. Les lumières et les matières jouent sous les yeux de la caméra pour donner à l’image un aspect lissé, impeccable et irréprochable. Irréprochable, comme ce que voudrait être Emmanuelle. Mais, malgré une maîtrise de soi apparente, les masques s’effritent et laissent entrevoir les fêlures, les défaillances et les vices de nos protagonistes.

Audrey Diwan s’affirme avec cette vision revisitée de notre héroïne des années soixante-dix. Après L’Evènement, celle-ci continue de poser les bases d’un cinéma féministe et engagé, visant à redonner à ses actrices et aux personnages qu’elles interprètent une place centrale. Un pouvoir. Une voix. Les contre-plongées permanentes sur le visage de Noémie Merlant donnent une sensation de puissance et d’affirmation. Elle semble en contrôle de tout ce qui l’entoure. Mais Audrey Diwan n’oublie pas de donner à ses rôles une dimension humaine, vulnérable et sincère. Derrière les apparences se cache le doute. Emmanuelle se pare d’une complexité nouvelle et embrasse notre ère contemporaine.

Puisque nos classiques animés sont uns à uns revisités, pourquoi ne pas en faire autant avec nos emblèmes du cinéma érotique ? Aujourd’hui, Emmanuelle, et demain, pourquoi pas, Faster, Pussycat ! Kill ! Kill !, L’Empire des sens, ou encore Le Dernier Tango à Paris ? A l’aune de la révolution #Metoo, des nouvelles vagues féministes et des luttes sociales de notre époque, il est grand temps de réinterroger nos figures sensuelles et nos représentations de la sexualité pour, ainsi, renouveler notre imaginaire érotique sur grand écran.

Écrire sur un film des mois après l’avoir visionné est une expérience pour le moins intéressante ; notamment lorsque le long-métrage en question a fait l’objet de critiques relativement acerbes. Puis, cela permet finalement de comprendre ce que l’on a gardé de ce ...

Audrey Diwan a choisi notre époque ce qui est également judicieux puisque très logiquement les moeurs ont bien évolué depuis un demi-siècle sans pour autant insister sur l'omniprésence #MeToo. On pourrait aussi débattre et tergiverser sur la notion même d'érotisme ...

Film vu en avant-première avec la présence de la réalisatrice Audrey Diwan.Je n’ai ni lu le livre ni vu le film de 1974 mais après l’immense film qu’est « L’Événement » j’avais hâte de découvrir la suite de la carrière d’Audrey Diwan derrière la caméra ...