ETERNAL DAUGHTER

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Quand Joanna Hogg raconte la relation complexe entre une mère et sa fille, elle ne fait pas comme tout le monde. D’abord car la réalisatrice du dytique The Souvenir (où jouait déjà Tilda Swinton), fait se dérouler l’action dans un lieu unique, à Soughton Hall, un manoir du XVIIIe siècle, qui dans The Eternal Daughter sert d’hôtel particulièrement flippant. Avec son isolement, son majordome noir, ses fantômes qui semblent errer, on pense forcément au Shining de Stanley Kubrick. Surtout que Soughton Hall attire les fantasmes autour d’une possible présence de fantômes. 

Mais surtout, cette histoire de rapport mère/fille, contrairement aux apparences, ne tourne jamais au pugilat ou à l’hystérie. C’est plutôt un film de parole douce, d’amour maladroit, de petites attentions, avec en plus un chien adorable, Louis, qui est le véritable chien de l’actrice principale. L’histoire raconte comment Julie, réalisatrice en mal d’inspiration, se rend dans cet hôtel avec sa mère âgée. Elle ne cesse de tout organiser pour que leur séjour soit parfait. Et si les éléments ne s’alignent pas pour l’aider, elle insiste, elle essaie, elle est patiente avec l’espoir que sa mère sortira de sa carapace. 

Coutumière des défis difficiles pour une actrice, Tilda Swinton joue ici à la fois la mère et la fille. Maquillée, déguisée, camouflée, elle est vraiment l’actrice multi visages, avec toujours cette dimension étrange. Un constat aussi vrai pour Trois Mille ans à t’attendre de George Miller que pour Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch, en passant par les films de Wes Anderson (Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel) ou de Bong-Joon Ho (Snowpiercer, Okja). Dans The Eternal Daughter, elle se donne la réplique (et presque aucun acteur ne gravite autour d’elle) modulant sa diction, sa posture, son regard. 

Dans le même genre, vous pourriez aimer Les Autres, où là encore, il est question d’une histoire de mère et de fantômes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES AUTRES (Un manoir, une histoire de fantôme et de femmes, les deux films partagent cette thématique centrale.) ou encore DOWNTOWN ABBEY (La célèbre série qui a aussi eu droit à ce film, puis à un deuxième, a été tournée dans un manoir qui a le même architecte que Soughton Hall, manoir qui a servi au tournage d'Eternal Daughter.).

Quand un acteur se dédouble, il faut se douter qu’il y a anguille sous roche. Le cas du double rôle de Tilda Swinton qui joue à la fois la mère et la fille dans The Eternal Daughter ne fait pas exception : c’est une longue tradition de cinéma. Prenez Enemy de Denis Villeneuve. Jake Gyllenhaal y joue lui et son double. À moins que ça ne soit l’inverse.

Bien plus ancien, dans la Double Enigme, Olivia de Havilland jouait deux sœurs jumelles, dont l’une accuse l’autre de meurtre. En 1967, dans la Griffe, Yul Brynner devait aussi se méfier d’un double (joué par lui-même donc) qui était un espion des services secrets Est-Allemand.

Et que dire alors de ces films où les acteurs se démultiplient. Outre le Docteur Foldingue avec Eddy Murphy ou Noomi Rapace dans Seven Sisters (où elle jouait donc… 7 rôles), comment oublier Peter Sellers dans Docteur Folamour qui, pour chaque personnage, campait des rôles diamétralement opposés (et souvent hilarants) . Il y a le cas de Split où James McAvoy jouait un homme aux multiples personnalités. Enfin, il y a le must du must, parce que parfois on ne reconnait même pas les acteurs : dans Cloud Atlas des sœurs Wachowski, différentes époques se croisent. À chaque fois, des acteurs comme Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving ou Hugh Grant incarnent des personnages différents : parfois des hommes, parfois des femmes, parfois des crapules (surtout Hugo Weaving), parfois des héros. En comparaison, The Eternal Daughter paraît presque sage.

Une performance. Voilà comment on peut résumer le nouveau film de Joanna Hogg. Performance de Tilda Swinton d’abord, qui joue deux rôles, une mère et sa fille, interagissant très régulièrement. L’actrice excelle dans cet exercice périlleux, mais qui cela étonnera ? ...

Pour passer du temps avec sa mère vieillissante, Julie l’emmène pour quelques jours dans un hôtel aux allures de manoir gothique, perdu dans l’épais brouillard de la campagne anglaise. Accompagnée de son chien, la mère profite de l’inquiétante quiétude des lieux surannés ...

J'aurais pu intituler ma critique Esprit, es-tu là ? Cela convenait également.Sinon, le pitch donné par la fiche technique du film dit beaucoup de choses, sans doute trop. Mais je ne l'ai lu qu'après coup. C'est sa B. A. qui, vue au cinéma, m'a donné envie ...