FACTORY

en VOD

En Russie, à proximité d’une petite ville de province, des hommes s’affairent dans une usine délabrée. Du temps de la grande URSS, elle tournait nuit et jour, mais elle n’est plus désormais qu’un fantôme qui rappelle la grandeur industrielle du pays. Konstantin Kaluigine, un oligarque local, l’a rachetée une bouchée de pain et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne fait pas l’unanimité auprès de cette poignée de travailleurs qui attendent depuis des mois d’être payés…

Lorsque le propriétaire décide de mettre l’établissement en liquidation, les hommes se rebellent, sous la houlette du plus véhément d’entre eux, Alexei, un vétéran de l’armée surnommé “Le gris” à cause de la couleur de ses cheveux. Le groupe décide de kidnapper l’oligarque et demande une rançon. Mais leur acte déclenche une riposte terrible : la garde privée de Kalugine associée aux forces spéciales décide de donner l’assaut à l’usine… 

Factory est le quatrième long-métrage de Yuri Bykov, 38 ans à la sortie du film. Doué, touche à tout, il a écrit, réalisé et coproduit Factory dont il signe également la musique. Cinéaste social épris de cinéma de genre, il signe ici une oeuvre polémique et très critique pour la politique de Poutine, mais emploie les atouts du cinéma d’action pour faire entendre sa voix et faire passer son message. Bonne projection. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'IDIOT ! (Un des précédents films de Yuri Bykov. Déjà un contexte social, mais un suspense de tous les instants.) ou encore EN GUERRE (Le point de départ du film de Stéphane Brizé est aussi la colère d'ouvriers menacés par une délocalisation. Mais le traitement y est exclusivement social et tourné en mode cinéma-vérité.).

Factory impressionne par la charge de violence que contiennent en particulier certaines scènes du film. C’est un oeuvre de pure colère tournée en colère justement par un jeune homme pour qui le cinéma est un vecteur de combat. Dans sa note d’intention il explique que le thème principal du film est “la division catastrophique de notre société entre une minorité infime de puissants et la grande majorité des faibles”. Factory est une charge contre la société russe qui selon lui repose en 2019 sur un schéma quasi féodal”, avec les seigneurs d’un côté et les serfs de l’autre et ne peut conduire qu’à la révolte, “voire dit-il à la révolution”.

Durant les repérages, Yuri a touché du doigt le délabrement de l’appareil industriel de son pays. Lorsqu’il cherchait une usine à filmer, rien qu’autour de Moscou, il dit en avoir trouvé plein, totalement abandonnées. “Un peu comme à Tchernobyl, on est tombés dans des lieux ou trainaient des tasses avec des restes de thé et des tartines pas finies” comme si les ouvriers avaient dû lever le camp dans l’urgence. 

Pour toucher un large public, Factory emprunte les codes du cinéma de genre. “C’est un film un peu brutal, un western” dit-il. Il souhaitait faire un film d’action sur la lutte entre les riches et les pauvres, qui suscite des émotions fortes. C’est en particulier le cinéma social et politique américain des années 70, qui l’inspire. Il cite notamment Un Après-midi de chien, un modèle pour lui. Il dit cependant se démarquer de Sidney Lumet qui selon lui affichait “une vraie empathie pour le personnage d’Al Pacino, alors que dans Factory, on l’a vu, il n’y a aucune sympathie pour aucun des personnages. Tout au plus “de la compassion” admet Yuri Bykov.

Pour donner une idée de Factory de Yuri Bykov, il faut imaginer ce que pourrait donner un film coréalisé par Ken Loach, John McTiernan et Andreï Zviaguintsev. Un film de genre, avec un aspect social très fort, dans un décor on ne peut plus marqué, à savoir une usine déjà ...

FACTORY (15,2) (Yuri Bykov, RUS, 2019, 109m) : Factory livre un haletant film de rapt nocturne sous la forme d'une lutte des classes sociale et d'une sévère parabole politique, par le biais d'ouvriers russes qui prennent en otages leur patron dans une vieille usine de métallurgie, ...

Ce long-métrage russe aux accents de “Nid de guêpes” et de “Assaut” (toutes proportions gardées bien évidemment), se veut à la fois un thriller au suspense maîtrisé, un drame social et une charge contre l’oligarchie. Une gangrène que le réalisateur Youri Bykov ...