FRANTZ

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La grande guerre, terme qui concerne la durée du conflit et en aucun cas sa supposée majesté, aura couté la vie à des millions de personnes, principalement de jeunes européens et américains, jetés dans l’enfer des tranchées par leurs ainés assoiffés de pouvoir et boursouflés d’ego. Mais 14-18 aura aussi ravagé les cœurs de millions de familles, ayant perdu un père, un frère, un fils un mari ou un fiancé au front...

C’est le cas d’Anna, jeune femme allemande qui ne se remet pas de la mort de Frantz, son amoureux, emporté par la bataille. C’est elle l’héroïne tragique du film de François Ozon qui va suivre. Anna se rend chaque jour sur la tombe de Frantz mais un jour, elle y croise Adrien, un français qui semble lui aussi inconsolable... Qui est-il ? Comment a-t-il connu le défunt ? Qu’est-il venu chercher ? Les réponses se trouvent au cœur de ce film qui n’en manque pas.

Ozon met en scène avec passion ce drame amoureux sur le pardon et la vérité, porté par l’interprétation habitée d’un couple de jeunes acteurs : Pierre Niney et Paula Beer...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN LONG DIMANCHE DE FIANCAILLES (Un fiancé disparu au front. L'un est mort, l'autre est surement encore en vie... Deux portraits d'amoureuses : Paula Beer et Audrey Tautou...) ou encore JOYEUX NOEL (La pire des guerres peut générer des liens insoupçonnables entre combattants, qu'ils soient fictifs ou avérés...).

Le mensonge est depuis toujours au centre des préoccupations du cinéaste François Ozon. Vous l’avez-vu, dans « Frantz », c’est le non-dit et le remord qui poussent Adrien à venir visiter le fantôme d’un jeune soldat mort jusque dans sa famille. Le noir et blanc sublime du film renforce cette idée de mensonge, comme si les quelques touches de couleur qui émaillent le récit mettaient en lumière les paradoxes de la situation en contredisant de manière éclatante les faux-semblants du personnage joué par Pierre Niney.

Ozon aime pervertir et manipuler la vérité. C’est sa marque de fabrique, ce qui fait de lui depuis ses débuts en 1998 un des cinéastes français les plus inclassables mais aussi les plus reconnaissables. Dans « Sitcom » son tout premier film, l’arrivée d’un rat blanc au sein d’une famille bourgeoise faisait exploser tous les tabous et révélait les secrets intimes de la tribu, à commencer par l’homosexualité du fils.  « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes » en 1999 se passait déjà en Allemagne avec un héros qui s’appelait aussi Franz mais explorait les secrets intimes d’un couple bâti sur le mensonge, un homme d’affaire quinquagénaire et son jeune amant. L’année suivante, François Ozon signe son premier classique « Sous le sable », dans lequel Charlotte Rampling refuse d’accepter la vérité : la disparition de son mari sur une plage des Landes...

En 2001, « Huit femmes » entraine le spectateur dans le huit-clos d’un règlement de compte façon Agatha Christie au cœur d’une grande maison un soir de Noel. Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Fanny Ardant, Emmanuelle Béart, Danièle Darrieux et consoeurs s’y disent tout en cachant l’essentiel... Autre temps fort et plus gros succès à ce jour de la carrière du metteur en scène : « Potiche » en 2010. Une farce sur la bourgeoisie, la famille et le monde ouvrier dans laquelle Catherine Deneuve à nouveau mais aussi Fabrice Luchini, Karin Viard, Jérémie Rénier ou Gérard Depardieu dissimulent savamment qui ils sont vraiment jusqu’à ce qu’un mai 68 des sentiments ne les forcent à se dévoiler...

Difficile de parler de Frantz et de porter un avis sur le film sans déflorer les tenants et aboutissants de son intrigue. Oh, rien de renversant, pas de twist de la muerte en vue. Non, rassurez-vous. Mais révéler et analyser tous les ressorts du dernier effort de François Ozon ...

Les personnages de François Ozon ont toujours eu à composer avec le mensonge ou la fiction : c’est l’occupation favorite du jeune lycéen dans Dans la maison, l’activité cachée de la jeune fille dans Jeune et Jolie, ou l’identité sexuelle de Duris dans Une nouvelle ...

Si l'on devait ajouter une couleur à la palette de François Ozon, une teinte qu'on ne lui connaît pas, ce serait celle de la subtilité ou du moins de la sensibilité. Le ton qu'il adopte dans Frantz surprend pour le réalisateur de "8 femmes" ou encore du plus récent "Une ...