En 1980, alorsqu’il prépare la sortie de Shining, Stanley Kubrick à l’idée d’un film sur l’Holocauste. Il contacte alors Michael Herr, correspondant de guerre auteur de Dispatches, journal de bord sur le conflit du Vietnam cité comme l’un des livres les plus marquants sur la guerre. Kubrick veut préparer avec lui The aryan papers, sur le périple d’un enfant juif pendant l’occupation nazie. Herr et le réalisateur s’entendent bien, mais n’arrivent pas à faire aboutir le projet.
Deux ans plus tard, Kubrick est impressionné par The short-timers, roman de Gustav Hasford sur une section de jeunes recrues envoyées au Vietnam. Il convainc Herr d’en tirer un scénario, pendant que lui se documentera intensivement sur le sujet. Une fois le projet lancé, Kubrick recevra 3.000 cassettes d’essais pour le film.
Engagé en tant que conseiller militaire, R.Lee Ermey, véritable instructeur d’US Marines reconverti en comédien se proposera de lui même pour le rôle d’Hartman. Kubrick estimant qu’il n’était pas assez vicieux pour ce personnage, il se filma en train d’insulter des soldats anglais, qui avaient passés des auditions, leur jetant des balles de tennis et des oranges. La vidéo convainquit le réalisateur qui offrit à Ermey le rôle de sa vie.
Si le tournage, qui se déroula intégralement en Angleterre se passa idéalement, notamment grâce au concours d’un colonel belge, fan de Kubrick, qui lui fournit des véhicules militaires, il y eut une guerre larvée sur le plateau, entre le réalisateur et Hasford. Le romancier et le cinéaste s’étaient rencontrés en amont de la préparation du film mais ne s’étaient pas entendus. Hasford se lança alors dans une bataille acharnée pour obtenir d’être crédité à part entière pour le scénario. Il finit par avoir gain de cause après s’être infiltré en douce sur le tournage avec deux gros bras. Même si ce fut pour être confondu par des membres de l’équipe avec Herr, la production estima qu’il valait mieux donner ce qu’il voulait à un type pouvant menacer le bon déroulement du film.
Au final, c’est néanmoins Kubrick qui a gagné : Full metal jacket est entré dans l’histoire du cinéma, Hasford n’a jamais réussi à trouver d’éditeur pour la suite de The short-timers.