FUNNY PEOPLE

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« T’es mon meilleur ami, et même toi, j’t’aime pas », balance George Simmons à Ira Wright, qui n’a pourtant rien fait pour mériter ça. Le ton est donné. Et l’humour sera caustique dès qu’il passera, rarement, au-dessus de la ceinture.

Funny People, le troisième long métrage de Judd Apatow, est une plongée non avouée dans ses souvenirs de jeunesse. Adolescent, il découvre la scène du stand-up à Southampton, près de New York et garde une fascination intacte pour ces comiques qui balancent des blagues inspirées de leur vie perso à un rythme d’enfer. Il s’y essaiera même, mais préfèrera vite écrire celles de ses copains plutôt que de faire face au public.

A Los Angeles où il étudie un temps le cinéma, Apatow partage son appartement avec un certain Adam Sandler, révélé par le stand-up. Déjà, il s’amuse à le filmer quand celui-ci fait ses canulars potaches au téléphone. Une de ces séances ouvre d’ailleurs le film. Vingt ans plus tard, et après avoir lui-même frôlé la mort lors d’un tremblement de terre à LA, Apatow lui écrit le rôle désabusé de George Simmons, le personnage principal de ces Funny People.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MAN ON THE MOON DE MILOS FORMAN (Voilà un autre hommage à un comique américain, Andy Kaufman, décédé en 1984 d’un cancer et dont les faces sombres révélèrent l’ampleur du talent de Jim Carrey.) ou encore 40 ANS, TOUJOURS PUCEAU DE JUDD APATOW (Le film qui lança le nouveau comique américain, celui d’Apatow et sa bande, centré sur un humour gras, potache, adulescent et souvent très masculin.).

George Simmons est un comique, révélé par le stand-up. Pour lui, tout roule merveilleusement. Il habite une maison somptueuse, achetée déjà meublée. Le soir, il retrouve dans sa piscine des mannequins égarés qui ne demandent qu’à coucher avec lui. Mais, le succès ne préserve de rien, ni de la solitude, ni d’une mort prochaine. Quand il apprend qu’il est  atteint d’un mal incurable, il reprend du service sur la scène qui l’a révélé et se penche sur son passé. Il n’a pas toujours été exemplaire, surtout avec ses proches et il le sait. Dans le cabaret où il vient faire un numéro, il s’entiche d’Ira, un apprenti comique qui manque de style et d’ambition. Contre toute attente, Simmons lui propose d’être son homme à tout faire, un compagnon capable de lui donner des idées de blagues, de lui tenir la main ou de lui raconter des histoires pour qu’il s’endorme. Bref, de l’aider à redevenir humain. Mais, est-ce bien cela que l’on attend de George?

En prenant prétexte de la réflexion que son personnage principal mène sur sa vie et ses comportements passés, Judd Apatow ne cherche pas à régler des comptes avec le succès et la notoriété. Non, il veut surtout rendre hommage à cette scène hétéroclite de talents comiques qu’il a vue éclore et qui l’ont tant fait marrer. Le film, qui dure plus de deux heures, s’entend donc comme une succession de situations cocasses ou de sketches potaches, très potaches qui prennent corps alternativement dans la vie ou sur scène. A vrai dire, peu importe tant l’un alimente l’autre. 

Les rôles ont donc ainsi été distribués : le principal à Adam Sandler, le pote de toujours, comique incontestable, et celui de faire-valoir à Seth Rogen. Tous deux ont été chargés d’écrire leurs sketches, de les interpréter sur des vraies scènes de stand-up et d’assumer leurs flops quand les gags étaient pourris. Et Apatow a tout filmé. Il a aussi convoqué sa femme Leslie Mann ainsi que leurs deux filles. Il lui fait jouer l’ex-regrettée de Simmons. Mais, un tel misanthrope, boosté à l’ambition, est-il seulement capable d’aimer ? Un thème que le réalisateur déclinera dans plusieurs de ses autres films…

Il faudrait un jour régler son sort au genre des "comédies dramatiques", classification fourre-tout où on balance tous les films qu'on ne peut pas mettre ailleurs. Mais ils sont rares, ces cinéastes capables de faire une vraies comédies avec de véritables enjeux dramatiques ...

Funny People est probablement la comédie la plus ambitieuse de ces dernières années pour ne pas dire la plus essentielle. Essentielle parce qu'elle marque un tournant dans la carrière de celui qui aura grandement contribué à remettre le rire US sur les rails de l'excellence ...

Presque parfait... Ça commençait pourtant tellement bien... En fait le film peut se décomposer en deux parties distinctes, une première moitié géniale, avec une performance XXL d'Adam Sandler qui dresse le portrait d'un acteur de comédies populaires un peu moyennes atteint ...