HEUREUX COMME LAZZARO

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Lazzaro est un modeste ouvrier agricole qui bosse dans une exploitation quelque part, in the middle of nowhere, au cul du loup si vous préférez, au beau milieu de la Lombardie. C’est un brave jeune homme, à la merci de ses camardes, lesquels sont exploités par la marquise, la cynique propriétaire des lieux.

Heureux comme Lazzaro est un film à la fois social et merveilleux, naturaliste et onirique, signé d’Alice Rohrwacher, sorti en 2018, après avoir reçu le prix du scénario au festival de Cannes.

Dans le cadre encore timide d’une renaissance du cinéma italien il impose un auteur, doit-on dire une auteure complète, qui écrit et réalise et développe un univers unique. Regardez, c’est étonnant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MIRACLE À MILAN DE VITTORIO DE SICA (1951) (Le miracle et le merveilleux font irruption au beau milieu de la question sociale dans ce chef d'oeuvre du néoréalisme signé du grand Vittorio de Sica. Un film d'un éblouissant lyrisme où les pauvres du bidonville subitement touchés par la grâce font tourner les méchants capitalistes en bourrique.) ou encore 1900 DE BERNARDO BERTOLUCCI (L'amitié contrariée entre un paysan et un jeune aristocrate chez un grand propriétaire terrien, alors que les ouvriers agricoles sont durement exploités. Une fresque sur deux fils de la louve italienne, qui vont se confronter. Et un chef-d'oeuvre lyrique du cinéma du 20e siècle.).

Heureux comme Lazzaro qui a fait un long voyage dans l’espace, la conscience et le temps. Ce troisième film d’Alice Rohrwacher, qui est italienne comme son nom ne l’indique pas, cherche la grâce : « Corps céleste » (2011) dansait déjà avec le mysticisme, « Les merveilles » (2014) confrontait la vulgarité télévisuelle à l’âme du pays, à chaque fois les coeurs purs regardaient le monde.

Lazzaro n’est pas un imbécile heureux, il est au sens sulpicien, un innocent, quelqu’un qui s’efface devant le monde et n’en comprend pas les turpitudes. Comme le disait Saint Matthieu « heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ». Le sujet est inspiré d’un authentique fait divers, relevé par la cinéaste, quand dans les années 80, une marquise propriétaire terrienne avait caché à ses ouvriers l’abolition du métayage pour continuer à les exploiter. On pense bien sûr à Padre Padrone des Taviani.

La cinéaste a tourné en quatre fois son film entre l’été et l’hiver 2017 pour faire tourner le temps. Elle a offert un rôle à sa sœur Alba Rohrwacher qui joue Alba, adulte. Elle l’a fait en super 16, attachée obstinément à la pellicule, car dit-elle, il faut préserver le secret du cinéma. Descendante de Olmi ou de Fellini elle n’a pas oublié non plus que le néo-réalisme rimait aussi avec enchantement comme dans Miracle à Milan de Vittorio de Sica (1951). Bref elle est en quête de transcendance. Nous sommes tous des Lazzaro.

7 ans après Corpo Celeste, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, et 4 ans après son Grand Prix pour le lumineux Les Merveilles, Alice Rohrwacher revient sur la Croisette cannoise avec Heureux comme Lazzaro, sélectionné en Compétition officielle à Cannes. La réalisatrice ...

Il est trop peu souvent de ces œuvres qui me transportent et dont je sors en ayant l'impression de nouveauté non aseptisée, Heureux comme Lazarro en fait partie. Ce conte cruel et poétique est insolite et remarquable à bien des égards, il n'est pas sans rappeler dans une ...

Le recours à la fiction déplace inévitablement les enjeux des intentions les plus réalistes : dès lors, autant appréhender la réalité par le prisme de la parabole. C’est le parti pris d’Alice Rohrwacher, qui filmait déjà à hauteur d’homme les petites gens sur de ...