JEANNE

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Après avoir évoqué l’enfance de Jeanne d’arc dans Jeannette, sous forme de comédie musicale improbable avec sa bande son heavy metal, Bruno Dumont poursuit en évoquant la capture, le procès et l’exécution de la jeune héroïne.

Encore une fois, Dumont s’est inspiré des écrits de Charles Péguy et il a confié au compositeur Christophe de les mettre en musique, pour un résultat toujours aussi surprenant et loin des conventions. Le personnage est âgé de 18 ans, mais le cinéaste la fait jouer par la même interprète qui l’incarnait enfant et qui est ici âgée de 10 ans.

Le pari est risqué mais s’avère payant, non seulement parce que Lise Leplat Prudhomme personnifie Jeanne avec une conviction féroce, mais aussi parce que cette audace est au diapason tous les autres parti pris radicaux qui placent ce film dans une zone floue entre farce absurde à la Monty Python, et geste expérimental qui exalte l’esprit de résistance et de non-conformisme.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JEANNE LA PUCELLE (Même approche minimaliste d'un personnage historique incarnant la conviction et la résistance.) ou encore MONTY PYTHON SACRÉ GRAAL (Le moyen âge revisité avec indépendance d'esprit, les limitations de budget inspirant des trouvailles originales.).

De tous temps, Jeanne d’Arc a été un modèle pour les idéologues de tous bords, et rien qu’au cinéma, elle a inspiré des dizaines de films, et pas seulement en France. Le fait qu’elle ait aussi touché Bruno Dumont est assez inattendu, d’autant que de son propre aveu, le personnage ne lui inspirait rien jusqu’à ce qu’il la découvre à travers la pièce de Charles Péguy. L’écrivain a conçu son texte à une époque où il était jeune, athée, socialiste, universaliste et anticlérical. De fait, il ne s’en prend pas tellement à l’église catholique qu’au dogmatisme sous toutes ses formes. Dumont s’en est emparé tout en conservant la dimension universelle de la pièce à travers ce que le cinéaste appelle « un récit national, historique et incarné ». 

Dumont a également été frappé par la musicalité de l’écriture de Péguy, et pour la rendre accessible à un public contemporain, il a fait appel à Christophe pour la mettre en musique. Toujours dans le souci de rechercher des correspondances et de tisser des liens avec le présent, Dumont a fait jouer les rôles des procureurs à des universitaires, des théologiens à des professeurs de théologie ou de lettres, parce qu’ils étaient naturellement à l’aise avec le sujet et les attitudes à adopter.

Certains parti pris ont été dictés par l’économie, mais aussi par le refus du conformisme. En admirateur de L’évangile selon st Matthieu de Pasolini, Dumont cherchait à démythifier autant que possible le personnage de Jeanne. Il y est parvenu en refusant le réalisme dans sa façon très théatrale d’inscrire ses personnages à l’intérieur d’un cadre manifestement abstrait en bord de mer. Parfois, c’est simplement le manque de moyens qui lui a inspiré des stratagèmes comme cet espèce de ballet hippique dans le bois de Vincennes qui tient lieu de bataille de Paris. Quant au choix de l’interprète principale, il s’est fait presque par hasard, Jeanne Voisin qui avait joué Jeanne adolescente dans le premier volet n’étant pas disponible. Dumont s’est donc rabattu sur Lise Leplat Prudhomme, qui apporte au personnage une forme d’innocence irremplaçable.

L’œuvre de Dumont a beau être éclectique et riches en surprises, le cinéaste n’en apprécie pas moins les projets au long cours. Les deux saisons de P’tit Quinquin en témoignent, en alternance avec son adaptation de la Jeanne d’Arc de Charles Peguy dont l’enfance ...

Enfin j'ai pu voir Jeanne et je n'ai pas été déçu. Cette fois, après Jeannette, Dumont adapte la fin de Jeanne d'Arc de Péguy. Je ne sais pas s'il a coupé par rapport au texte originel, mais tout ce dont je me souviens de la pièce est dans le film... (le film m'a donné ...

Parler de Jeanne d'Arc au cinéma, c'est se confronter à un problème double : d'abord la fétichisation malsaine du personnage de certains abrutis, et puis (surtout), l'héritage pesant de Bresson et Dreyer, ayant marqué au fer rouge la vision qu'on peut se faire du personnage. ...