Todd Phillips, réalisateur de Joker, est connu pour ses comédies - la trilogie Very Bad Trip, Starsky et Hutch ou Road Trip - mais il a démarré en réalisant des documentaires loin d’être très drôles. Le premier, Hated, tirait le portrait de G.G. Allin, punk rockeur radical, qui sur scène pratiquait toute sorte d’aberrations physiques, y compris scatologiques. Face à la caméra de Todd Phillips, cette personnalité tragi-comique avoue que ses excentricités scéniques l’ont probablement sauvé d’être un tueur de masse. « Je ne sais pas si GG est né comme ça ou si la société l’a créé », analysait alors Phillips en voix off. De quoi semer la graine du Joker dans la tête du réalisateur, 25 ans avant le passage à l’acte.
Deux influences plutôt claires ont fait de Joker le film qu’il est : d’abord, la BD "The Killing Joke" dans lequel le pape des comic books Alan Moore, contrairement à d’autres itérations, a réinventé le personnage en comique raté. En partant de ce postulat, Todd Phillips s’inspire d’un autre gros morceau de la fiction : La Valse des Pantins de Martin Scorsese, dans lequel un comique, Rupert Pupkin (joué par De Niro), kidnappe le présentateur d’un late show pour se faire un nom. Voyez vous-même les points communs. Scorsese devait à un moment produire Joker mais c’est finalement sa productrice depuis Les Infiltrés, Emma Tillinger Koskoff, qui officiera au poste.
La musique de Joker est composée par Hildur Gudnadottir. La musicienne islandaise s’est illustrée au score de Sicario 2 ou des séries Trapped et Chernobyl. Son instrument de prédilection, c’est le violoncelle ; elle a par ailleurs accompagné des groupes comme Animal Collective et sorti des albums solos où elle chante, en plus de jouer des instruments. Elle explique : « Todd Philips avait écouté mes disques solos alors il était assez attiré par ces sonorités et souhaitait que le violoncelle soit l’un des éléments fondateurs du score de Joker. Sur Joker, il était important que le violoncelle devienne Arthur Fleck, musicalement. Qu’il communique qui est Arthur. Il me fallait imaginer ce qu’il ressentait, y compris physiquement. C’est exaltant d’essayer de devenir quelqu’un musicalement. »