JULIE (EN 12 CHAPITRES)

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En à peine cinq long métrages, le cinéaste norvégien Joachim Trier a su imposer sa patte. Un cinéma, pouvant aller jusqu’aux limites du fantastique, mais surtout sensible, à fleur de peau, sachant mettre en image l’indicible et les tempêtes intérieures. Et Julie (en 12 chapitres) n’échappe pas à la règle. 

La Julie du titre est une jeune trentenaire un peu paumée qui vit dans la capitale norvégienne, Oslo. Entre les injonctions de l’amour et du travail, tous les doutes l’assaillent. En 12 parties, accompagnées d’un prologue et d’un épilogue, le film suit les tribulations de Julie, entre saynètes de rien et moments de vie qui veulent tout dire. 

Présenté en compétition à l’occasion du 74e Festival de Cannes, Julie (en 12 chapitres) a vu son actrice principale, la jeune Renate Reinsve, récompensée d’un prix d’interprétation. Déjà vu dans le Oslo 31 août du même réalisateur, l’actrice était à deux doigts d’arrêter le cinéma pour devenir charpentière quand ce rôle lui a été proposé. Comme quoi, c’est bien quand on ne cherche plus qu’on trouve.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE JOURNAL DE BRIDGET JONES DE SHARON MAGUIRE (Avant Julie, la célibataire de référence c'était Bridget Jones !) ou encore L'AMOUR DURE TROIS ANS DE FRÉDÉRIC BEIGBEDER (Le difficile et douloureux apprentissage des jeux de l'amour).

Julie (en 12 chapitres), c’est un peu le chemin de croix d’une jeune trentenaire. A l’instar du Christ dont ce chemin est composé de 14 moments particuliers, la vie ainsi racontée de Julie se déroule en 12 chapitres entourés d’un prologue et d’un épilogue. Il faut dire ce bout d’existence qui nous est donné à voir est un récit d’apprentissage. Aussi futile qu’ils soient, un trip sous drogue à l’écriture d’un article sur la fellation à l’ère #MeToo, ou importants comme une rupture ou une soirée tout en flirt, chaque épisode est comme une leçon de vie pour une personne qui cherche à trouver du sens. Une jeune 30-quelque chose coincée entre les injonctions et les désirs. 

Un sujet que connait bien Joachim Trier qui explique avoir eu l’idée du film en observant ses amis et les différentes relations de couple qu’ils ont pu avoir. Le cinéaste norvégien tenait ici à raconter l’écart entre le fantasme de la vie que nous aurions rêvé de mener et la réalité de ce qu’elle est vraiment. C’est ainsi que le personnage de Julie a commencé à prendre forme : une jeune femme spontanée, qui croit qu’on peut changer de vie à sa guise et qui recherche ça, puis qui se retrouve un jour confrontée aux limites du temps et à celles de chacun y compris les siennes. Qui comprend que si la vie porte un nombre infini d’opportunités, toutes ne peuvent malheureusement pas être explorées. Et qu’il faut faire la paix avec ça. 

Et pour faire ressentir ce temps, ce temps non élastique, ce don d’ubiquïté que l’on aimerait posséder, Joachim Trier fait confiance à sa mise en scène. Dans une scène, Julie arrête un peu malgré elle le temps et part en courant. Elle traverse alors la ville d’Oslo complètement immobilisée pour rejoindre celui pour qui son coeur bat. Absolument saisissante, cette séquence a pourtant été réalisée sans aucun effet spécial. Il s’agit donc de vrais figurants restant immobiles, on peut d’ailleurs voir le vent souffler dans les arbres et les coiffures. Comme l’explique le cinéaste, « Cette scène, c’est le fantasme romantique ultime où l’on se dit "et si j’arrêtais tout pour vivre ailleurs avec mon amoureux ou mon amoureuse". Avec cette scène, j’ai réalisé la version cinéma de ce fantasme ». Et c’est tout simplement parfait.

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