L'HEURE DU DÉPART

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Comment vivent ceux qui peuvent mourir demain ? Telle est la question que s’est posé l’actrice et cinéaste Camille de Casabianca et qui jalonne son documentaire intitulé L’HEURE DU DEPART. On y fait la connaissance de Louis et de Rosa, mais c’est la figure de Germaine qui domine, soit la grand-mère paternelle de la documentariste. Tous ces personnages parlent sans tabou devant la caméra, dévoilant ce qu’ils s’imaginent  comme avenir ainsi que leurs attentes, alors même que la fin de vie se profile à leur horizon. 

Camille de Casabianca ne le cache pas : elle aime filmer des gens âgés et dit ainsi son regret de ne pas l’avoir fait avec son grand-père maternel, Louis de Casabianca, le père de Denise de Casabianca, talentueuse monteuse qui travailla notamment aux côtés de Jean Eustache pour LA MAMAN ET LA PUTAIN. Forte de ce regret de ne pas lavoir filmé lui, elle s’attache ici à filmer Germaine, sa grand-mère paternelle cette fois qui n’est autre que la mère du cinéaste Alain Cavalier. Durant trois décennies, la cinéaste a donc suivi ce personnage hors norme et volontiers espiègle. 

C’est d’ailleurs ce caractère joyeux que met en avant la cinéaste, sa grand-mère revendiquant sans cesse le droit à l’humour et au rire, sans craindre même d’affirmer qu’elle veut mourir le rire aux lèvres… Mais d’autres personnages interviendront pour décrire ce moment de l’existence. A l’instar d’une ancienne nounou qui vit désormais en Espagne.  A chaque rencontre, Camille de Casabianca met l’accent sur une complicité profonde qui permet à la parole de se libérer.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE MODERNE (Raymond Depardon, associé par ailleurs au tournage du film de Camille de Casabianca, filme ici des paysans cévenols confrontés à la désertification des campagnes et aux deuils à venir.) ou encore GRANDIR (La cinéaste Dominique Cabrera revient sur les lieux de son enfance et filme, comme Camille de Casabianca, celles et ceux qui autour d'elles quitteront bientôt la vie.).

Donner la parole aux  « anciens », Camille de Casabianca n’est évidemment pas la première documentariste à faire ainsi témoigner face caméra ceux qui bientôt ne seront plus. On songe entre autres à Raymond Depardon lequel soit dit en passant à participé à la mise en images du film de Camille de Casabianca. Dans LA VIE MODERNE par exemple, l’un des volets de son triptyque intitulé PROFILS PAYSANS, le cinéaste interroge longuement deux frères agriculteurs en Cévennes pour qui la fin de vie approche au même rythme que la fin de leur exploitation agricole à laquelle ils ont consacré toute leur existence. 

Du côté de la fiction, des films, et dans des genres très divers, posent eux aussi un regard sur la vieillesse et la fin de vie. Comment ne pas songer, entre autres, au film de Michael Haneke AMOUR, avec Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant incarnant un couple confronté au vieillissement et à la mort qui rôde ? Au fil des films, la problématique demeure : comment parler sans tabou mais avec pudeur de ces derniers instants. La frontière est alors ténue entre voyeurisme et empathie, bienveillance et indécence. 

L’HEURE DU DEPART n’est pas le premier film documentaire de Camille de Casabianca qui débuta au cinéma comme co-scénariste du film réalisé en 1981 par son père Alain Cavalier et qui remporta le prix Louis Delluc. C’est ainsi qu’elle a réalisé notamment LE FRUIT DE VOS ENTRAILLES sur des femmes qui accouchent clandestinement et OCTAVIO, l’histoire d’une adoption. En 2019, elle réalise CA MARCHE !?, sur le mouvement politique République en marche.