LA BAMBA

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Le 24 juillet 1987 sort sur les écrans américains, un film écrit et réalisé par Luis Valdez, un homme de théâtre d’origine mexicaine, créateur, en 1965, d’El Teatro Campesino, une compagnie théâtrale composée de fermiers jouant dans les champs, sur des remorques de tracteurs, en s’inspirant de leur vie quotidienne et, surtout, à l’époque, de leurs combats syndicaux. Aujourd’hui, basée à San Juan Bautista, au nord de la Californie, la compagnie existe toujours et continue de dispenser la bonne parole théâtrale au fin fond de la campagne yankee.

Créateur et meneur de troupe, Luis Valdez est aussi un dramaturge, dont la pièce la plus célèbre, Zoot Suit, fut inspirée par les émeutes qui éclatèrent à Los Angeles, durant la Seconde Guerre mondiale, entre des Américains blancs et des Chicanos, des américains d’origine mexicaine, injustement accusés de meurtre. Jouée à Broadway en 1979 – une première pour un auteur Chicano – le pièce devint un film, en 1981, rebaptisé en France et en bon français, Chicanos Story.

Toujours inspiré par ses racines mexicaines, c’est donc à la fin des années 1980 que Luis Valdez s’intéresse à la tragique destinée du chanteur rock chicano – lui aussi –, Ritchie Valens, né dans les faubourgs de Los Angeles, le 13 mai 1941 – onze jours avant Bob Dylan – et mort, 17 ans plus tard, dans un accident d’avion, le 3 février 1959, en même temps que le pilote de l’avion, mais aussi Buddy Holly et Big Bopper, deux autres célèbres musiciens avec lesquels, en pleine tournée triomphale, il avait décidé de prendre un avion de tourisme pour arriver plus vite à l’étape suivante ! Ce 3 février 1959, demeura un jour clé, dans l’histoire de l’Amérique. Il fut baptisé « The day the music died » [« Le jour où la musique est morte »] et, en 1971, dans sa chanson, America Pie, l’auteur compositeur Don McLean, y faisait allusion en rendant hommage à ces trois artistes simultanément et prématurément disparus.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver GREAT BALLS OF FIRE (1989) ou encore EN ROUTE POUR LA GLOIRE (1976) .

Ritchie Valens – avec un T ! – avait connu son heure de gloire, quelques mois avant sa mort, avec Donna, une chanson classée en tête des hit-parades américains, qu’il avait écrite et composée pour celle qu’il aimait, la belle Donna Ludwig, incarnée, dans le film, par la comédienne Danielle von Zerneck, la petite fille de Peter von Zerneck (1908-1992), l’un des pronazis réfugiés à Rio, autour de Claude Rains, dans les Enchainés, le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock.

Quant à la Bamba, la chanson qui donne son titre au film – qui dut, un temps, s’appeler Let’s go – le beau Ritchie l’avait enregistrée sur la face B de Donna – comme vous l’avez vu dans le film. Etouffée par le succès de la face A, la nouvelle version de cette chanson d’origine mexicaine – Veracruz, exactement – ne remporta le succès que l’on sait, qu’après la mort du rocker !

Elle fut interprétée par d’innombrables autres artistes, de Dario Moreno à Dusty Springfield, de Nana Mouskouri à Trini Lopez et de Ray Barretto au Machucambos, le trio hispano-italo-costaricain (de Paris), qui, en 1960, obtint le grand prix de l'Académie Française du disque pour leur version – la première en France – de la Bamba. N’oublions pas, non plus, la version du film, celle de Los Lobos, dont le guitariste, David Hidalgo, prêta sa voix au comédien Lou Diamond Phillips.

A propos de Lou Diamond Phillips, que l’on avait déjà brièvement aperçu dans deux productions cinématographiques, relativement confidentielles, un épisode de Dallas et un autre de Deux flics à Miami, sa carrière fut définitivement marquée par ce rôle autobiographique qui, s’il le rendit célèbre, ne lui donna, que très rarement, l’occasion de sortir des productions cinématographiques, relativement confidentielles ! Parmi la quarantaine de titres qui composent sa filmographie, on retiendra surtout : Young Guns, le western de Christopher Cain, avec Emilio Estevez et Kiefer Sutherland, A l’épreuve du feu, le film de guerre d’Edward Zwick, avec Denzel Washington et Meg Ryan, et, plus récemment, Che - 2e partie – Guerilla, la biographie que Steven Soderbergh a consacrée au fidèle compagnon de Fidel et dans laquelle Lou Diamond Phillips (46 ans) interprète Mario Monje Molina, secrétaire général du PCB, le Parti Communiste Bolivien, et compagnon d’armes des révolutionnaires Cubains.

Enfin, pour les fans de Ritchie Valens, sachez que vous pouvez le retrouver – en vrai ! – dans Go, Johnny, Go !, le seul film que sa courte carrière lui permit de tourner. Il s’agit, en fait, d’une fiction, passablement bâclée, faisant une très large place à la musique et à ses interprètes. Heureusement, car le scénario – l’édifiante histoire de Johnny Melody, un délinquant sauvé par le Rock 'n' Roll – est plutôt inconsistant. Tourné en deux jours, ces 75 minutes produites et menées par Alan Freed – que vous venez de voir dans la Bamba – réunissent donc la fine fleur du Rock 'n' Roll de cette fin des années 1950, de Chuck Berry à Jackie Wilson, d’Eddie Cochran à Ritchie Valens.

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