LA CHUTE DU FAUCON NOIR

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Le 3 octobre 1993, une troupe composée d’une centaine de soldats américains est envoyée, avec l’accord des Nations Unies, au centre de Mogadiscio, la capitale de la Somalie, alors en proie à une intense guerre civile, afin de capturer les proches lieutenants d’un chef de guerre qui contrôlait une partie de la ville. L’opération se révèlera plus compliquée que prévu. Les Américains rencontrent une vive résistance et perdent deux hélicoptères, abattus par des roquettes. Le coup de main vire au fiasco et au cauchemar pour les Marines, Rangers et Delta Forces coincés au cœur d’un environnement pour le moins hostile. Cet échec militaire a fait l’objet d’un ouvrage remarquable signé par le journaliste Mark Bowden, un modèle de récit de guerre publié en 1999.

Le livre est adapté par le scénariste Ken Nolan et c’est le réalisateur Ridley Scott qui le portera à l’écran. Celui-ci optera pour une plongée objective au cœur des combattants américains, une approche attachée à représenter, avec le plus de précisions possibles, la mécanique des comportements au combat, tout en ayant pris soin d’embaucher, pour incarner des personnages réels, quelques uns des jeunes talents qui montent du cinéma américain d’alors : Eric Bana, Tom Sizemore, Josh Harnett, Ewan Mc Gregor et d’autres.

Tourné au Maroc, le film parvient ainsi brillamment à conjuguer une apparente fidélité aux faits historiques avec les exigences du spectaculaire hollywoodien. La bande-son, avec notamment une musique de Hans Zimmer, est particulièrement travaillée ainsi que la photographie, signée Slawomir Idziak à qui l’on doit donc l’étonnante beauté plastique du film. Pour toutes ses raisons, et d’autres dont on parlera tout à l’heure, La Chute du faucon noir compte parmi les grandes réussites du cinéma de guerre américain.

 
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Ridley Scott est un cinéaste d’origine britannique né en 1937 à South Shields. Il effectue des études d’art plastiques au royal College of Art de Londres avant de collaborer à la série Doctor Who comme directeur artistique. Il réalise de nombreux films publicitaires avant de signer en 1977 son premier long métrage pour le cinéma, Les Duellistes puis, devenu un cinéaste hollywoodien, de remporter un énorme succès mondial avec Alien en 1977. Le film restera d’ailleurs une date importante dans l’histoire du cinéma de science-fiction. Ridley Scott est réputé pour son goût maniaque de la perfection. Ses meilleurs films, comme Alien, Blade Runner,  Gladiator ou La Chute du faucon noir se distinguent par un style visuel extrêmement élégant et personnel.

La Chute du faucon noir est une œuvre indiscutablement habile. La manière dont un mécanisme programmé (celui de la mission engagée) se détraque progressivement y est décrite avec une précision redoutable. La vision du fait d’armes transposé dans le film est parfois dialectique. Les rapports entre les jeunes soldats américains et l’Afrique dont ils découvrent la réalité brutale et un univers ontologiquement différent de leur mode de vie et de pensée évoquent indiscutablement ce que l’on peut appeler un choc des civilisations, une incompréhension radicale qui, furtivement, remet en doute le bien fondé de la présence des troupes américaines, leurs actions et la bonne conscience de ceux qui les ont envoyés là.

Un carton final vient par surcroit déstabiliser le spectateur lorsqu’il rappelle qu’il y eut, à l’issue du raid, 18 soldats américains tués et plus de 1000 morts du coté somalien. Si les noms des premiers apparaissent à l’écran, les seconds resteront des morts anonymes. Ce déséquilibre, brutalement rappelé au spectateur, questionne en profondeur la notion d’héroïsme guerrier que le cinéma contemporain, en raison même de la modification de la nature des conflits, a de plus en plus de mal à exalter.

A première vue, c'est un film d'action bien ficelé et vigoureux qui relate un fait d'arme ayant tourné au désastre pour les Américains en 1993 en Somalie. Mais rétroactivement, le film a pris une tout autre dimension au vu des événements du 11 septembre 2001 (le film est ...

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