LA COMÉDIE HUMAINE

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Ce n’est qu’en 2013 que le cinéaste japonais Koji Fukada est arrivé en France avec son long métrage Au revoir l’été. Depuis il a été l’auteur notamment de Sayonara, du diptyque Suis-moi je te fuis/Fuis-moi je te suis ou encore de Love Life. Mais avec La Comédie humaine, c’est l’occasion de revenir dans ces premières oeuvres avec ce film sortis en 2008. 

Ce dernier est un film à sketches comme trois contes au vitriol sur la société nippone. Le premier parle d’une trentenaire qui s’est faite poser un lapin par son petit ami, le deuxième d’une jeune aspirante photographe qui organise une exposition à laquelle personne ne vient sauf quelques pique-assiettes tandis que le troisième revient sur un jeune marié qui a perdu son bras dans un accident et souffre physiquement de son membre fantôme. 

Il y a quelque de Balzacien chez Koji Fukada. Le titre de ce premier film en prise de vue réelle, évidemment, sachant que son oeuvre précédent, en animation, était une adaptation de La Grenadière, mais aussi, et surtout, cette manière , à l’instar de l’écrivain du XIXe siècle, de piquer avec justesse les moeurs et les manques de la société, ici japonaise. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOKYO ! DE MICHEL GONDRY, LEOS CARAX ET BONG JOON-HO (Une vision de la capitale japonaise par trois regards extérieurs et trois histoires plus ou moins fantastiques.) ou encore LES NOUVEAUX SAUVAGES DE DAMIEN SZIFRON (Six histoires, des personnages animés par la vengeance. Et un film corrosif sur la société argentine).

Il y a quelque chose des grands auteurs européens dans ce premier long métrage en prise de vue réelle de Koji Fukada. On y retrouve un peu de La Ronde de l’Autrichien Arthur Schnitzler. Pas pour l’aspect scandale, ni sexuel mais pour cette manière de passer d’une histoire à l’autre par le biais des relations entre les personnages mais aussi de faire l’état des subtilités sociales d’une société. De même, la titre, La Comédie humaine, renvoie à l’oeuvre monstre d’Honoré de Balzac. Si le cinéaste japonais n’en réalise pas concrètement une adaptation, il confirme s’est inspiré de l'écrivain français dans la structure de son film ainsi que dans les thèmes abordés. Il lisait d’ailleurs énormément Balzac à cette époque et avait même adapté une de ses nouvelles dans un court-métrage d’animation, La Grenadière, en 2005. L’idée était bien de reprendre la structure du roman afin de faire cet état des lieux de la société japonaise, mais aussi plus largement humaine. 

Koji Fukada ayant lui même déjà travaillé dans la théâtre, notamment dans la section mise en scène, qui consistait à faire des films avec les membres de la troupe, il a repris une structure théâtrale en trois actes pour La Comédie Humaine. Un volonté née notamment de son attachement pour la troupe avec laquelle il collaborait dans leur manière de traiter du réalisme et de la normalité. Et justement cette normalité, apparente avant tout, n’est qu’un voile dans le film de Koji Fukada. Un masque derrière lequel se déploie la violence des sentiments des personnages, des êtres humains, leur solitude mais aussi les manques, les besoins, les blocages et les élans d’une société japonaise corsetée. Et c’est une chance que ce film parvienne jusqu’à nous 15 ans après sa sortie puisque la seule copie encore existante du film a dû faire un improbable voyage postal du Japon jusqu’en France pour débuter sa nouvelle vie dans les salles.

J'ai connu Fukada avec Love Life cette année, que j'ai adoré. Il n'y avait donc pas de raison de ne pas tenter le premier film de Fukada au cinéma, jusque là inédit en France. Et il faut le dire, ça a probablement un peu vieilli, je n'ai pas retrouvé la maîtrise ...

Je ne suis globalement pas fan du cinéma de Fukada Kōji mais ce premier long métrage, qui est de loin mon préféré, me réconcilie un peu avec lui. Je dis "un peu" car j'ai bien peur qu'il ait définitivement délaissé cette pâte minimaliste et tellement ...

La comédie humaine est un recueil de trois histoires en connexion. J'ai beaucoup aimé le réalisme cruel avec lequel sont dépeints ces instants de vie.La mise en scène très épurée et le montage patient participent selon moi au cri de vérité apporté par le film.J'ai ...