LA LUPA MANNARA en VOD
- De
- 1976
- 98 mn
Lorsque Daniella Neseri découvre qu'une de ses ancêtres a été tuée parce qu'elle était accusée d'être un loup-garou, la jeune fille se met à tuer ses amants de passage après avoir couché avec eux. Quand elle croit enfin avoir trouvé le grand amour, on lui arrache violemment. Commence alors une quête de vengeance assoiffée...
- Fantastique / Horreur
- Italie
- - 16 ans
- VF - HD
PARCE QUE
Dès l’ouverture de son film, Rino Di Silvestro pose les bases de l’heure et demie de folie qui va suivre : à l’époque moyenâgeuse, une femme danse au milieu des flammes. La caméra ne cherche pas à cacher sa nudité. Au contraire, le cinéaste insiste dessus avant que la danseuse n’entame sa transformation en loup-garou. Quelques idées de mise en scène inventives pointent le bout de leur nez, comme ces torches filmées dans la pénombre, uniques source de lumière dans la forêt noire, illuminée par intermittence par l’orage grondant. Mais le spectateur n’est pas là pour assister à une démonstration de mise en scène.
Cette série B reprend la thématique et le début de la structure narrative de La Féline de Jacques Tourneur, dans laquelle une femme se persuade qu’elle descend d’une tribu de personnes félines. Mais là où le film de Tourneur se veut horrifique, Rino Di Silvestro mélange les genres, aidés par ses chefs opérateurs Mario Capriotti et Dennis Kull, qui ont d’autres intentions manifestes : les scènes de sexe sont filmés dans tous les axes possibles, rendant le tout très proche du film érotique. Cette vision viscérale de l’animalité de la protagoniste la suit dans des séquences séquences gores aussi absurdes qu’hilarantes. Et si l’on peut regretter le ton un brin trop sérieux du film, nos envies d’extravagances sont largement rassasiées dans cette succession de scènes sanglantes.
En plus de ne jamais voiler l’outrance, Rino Di Silvestro cherche également à infuser un propos vraisemblablement féministe à son film : entre la séquence moyenâgeuse du début du long-métrage et le reste de l’œuvre — qui se déroule dans à notre époque — la place de la femme n’est jamais questionnée. Ses envies et besoins non plus. Le désir et l’amour sont partout, mais la protagoniste n’a pas le droit d’y toucher. Ses pulsions sexuelles sont considérées comme malfaisantes : la société moderne la bride et la considère comme une sorcière. Sur fond de critique sociale, le cinéaste montre à la société italienne des années 1970 tout ce qu’elle refuse d’admettre, à savoir la sexualité libérée d’une femme injustement malmenée. Mais La Louve sanguinaire n’a pas la prétention de révolutionner son genre. Rino Di Silvestro signe surtout une œuvre destinée à choquer, avec plusieurs séquences de meurtres mémorablement grotesques. Annik Borel est géniale en scream queen enragée, et la dernière demi-heure façon rape and revenge classique achève un film inqualifiable, dont le propos n’est pas toujours évident, mais dont la générosité derend le visionnage — si possible, à plusieurs — délirant.