LA PREMIÈRE MARCHE

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Le 9 juin 2019 a eu lieu à Saint Denis la première marche des fiertés de banlieue. Plus d’un millier de personnes se rallient au slogan « Balieusard.e.s et fièr.e.s ». Ils défilent, défiant ainsi les jugements hâtifs ou les idées préconçues sur les sexualités variées et leur tolérance dans les quartiers situés à quelques encablures du centre de Paris. 

L’idée de ce rassemblement revendicatif sur un territoire d’habitude stigmatisé sur tous les sujets sociétaux, religieux et encore plus sur ceux qui concernent les LGBTQ+ est le fait de quatre jeunes étudiants de sciences politiques à l’Université Paris 8. 

Les deux réalisateurs, Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray, à la fois observateurs et partie prenante de ce mouvement, ont eu l’idée de filmer cette première manifestation dès sa conception et jusqu’à son festif aboutissement. Leur film dure à peine plus d’une heure mais marque dans le marbre une initiative salvatrice, sans doute indispensable.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver STONEWALL (Sur les émeutes de Stonewall ) New York et qui ont abouti à la 1ère Gay pride de l’histoire) ou encore HARVEY MILK (Biopic sur un militant gay élu maire de San Francisco).

« L’intersectionnalité, définit Youssef, l’un des quatre héros du film et le plus charismatique, c’est le cumul des discriminations ». Lui, en tant que queer arabe musulman, se demande s’il va devoir abandonner une partie de son identité pour pouvoir vivre sa vie telle qu’il l’entend. « On se retrouve dans un sac de nœuds social sans arriver à se représenter nulle part. Cela provoque des névroses », conclut-il. Il refuse ces choix cornéliens et préfère s’impliquer avec d’autres dans une association citoyenne baptisée « St Denis ville de coeur ». C’est avec elle et trois jeunes camarades étudiants qu’ils décident d’aborder frontalement les sujets qui les concernent à St Denis.

En premier lieu, ils organisent un colloque aux conséquences modestes sur l’homo-nationalisme et la récupération des luttes LGBTQ+ par les groupuscules et partis d’extrême-droite. La mairie de St Denis les accueille et hisse pour l’occasion un drapeau arc en ciel sur sa façade. Puis, ils s’attèlent à l’organisation de cette première marche des fiertés de banlieue, 50 ans après les émeutes de Stonewall à New York, qui ont marqué symboliquement le début du militantisme LGBTQ+ aux Etats-Unis et dans le monde.

Pour les suivre durant ces cinq mois de préparation, deux réalisateurs débutants, Hakim Atoui et Baptiste Etchegaray, vont les filmer de l’intérieur quand ils démarchent les autorités, courent après les subventions, s’appuient sur les médias pour revendiquer leur démarche ou décident de l’intitulé d’une banderole. Ils donnent la part belle à Youssef, queer exubérant et intelligent au discours pensé et fort clair et s’attardent aussi sur Yanis, leader revendicatif mais un peu moins à l’aise dans l’expression. Les deux autres membres de la bande sont moins filmés, plus discrets même si on sent leur présence et leur solidarité constante. Et cela jusqu’au grand jour, ce 9 juin 2019, où la marche a lieu, trois semaines avant celle de Paris.