LA REINE MARGOT (VERSION RESTAURÉE)

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Si vous aviez été de passage à Paris à la fin du mois d’août 1572, nul doute que votre détour par les rues de la capitale aurait été plutôt mouvementé. Et vos semelles tachées de sang… Le 24 août de cette année-là et les jours qui suivirent restent gravés sur les tablettes de l’Histoire de France à la sinistre mention du massacre de la saint Barthélémy, guerre de religion dont les protestants furent les victimes principales…

Le film de Patrice Chéreau nous replonge près de 450 ans en arrière, s’arrêtant sur les prémices de cette tuerie : le mariage du futur Henri IV et de Marguerite de Valois, plus connue sous le diminutif de reine Margot. Une plongée glaçante dans un temps très loin de cette Renaissance qui était pourtant supposée avoir balayé les restes du Moyen-Age.

Chéreau signe-là un opéra violent, baroque et puissant, basé sur l’horreur d’une situation et articulé autour de personnages, fétus de paille d’un mouvement qui les dépasse. Isabelle Adjani, Daniel Auteuil, Jean-Hugues Anglade ou Vincent Pérez semblent littéralement habités par leurs rôles.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MARIE STUART (De la difficulté d'être reine et femme à la fois... Marguerite de Valois comme Marie Stuart ont connu les unions de raison, la trahison et la violence des hommes...) ou encore LA REINE MARGOT (40 ans séparent les films de Jean Dréville (classique) et Patrice Chéreau (baroque). Intéressant de constater qu'à partir d'un même sujet, les deux oeuvres livrent un regard différent sur cette tragédie.).

A sa mort en septembre 2013, Patrice Chéreau a laissé la marque d’un observateur sans concessions des tourments de la nature humaine. Auteur, acteur, metteur en scène au théâtre, à l’opéra  et au cinéma, ce passionné de la politique au sens noble du terme a toujours été attiré par l’implacable tragédie de l’humanité. Ce n’est évidemment pas un hasard si sa pièce de prédilection était Phèdre de Racine, dont les thèmes principaux sont la passion inavouable, le pouvoir et le mensonge… !

Le cinéma de Chéreau, également nourri par Shakespeare, est au diapason. Le réalisateur, habité par son sujet, reconnaissait d’ailleurs qu’il avait été attiré par la vision très moderne de nos sociétés dans ce massacre de la Saint Barthélémy pourtant vieux de plusieurs centaines d’années. Pour Chéreau, il ne fallait surtout pas en faire un de ces films historiques, empesés par les reconstitutions et les chroniques du quotidien. Lui voulait donner une apparence de thriller, presque de western ou de mafia à son œuvre ! Militant homosexuel convaincu, l’artiste s’évertuera au fil de sa filmographie à évoquer des personnages à la libido tourmentée, souffrant du mal d’amour, de l’indifférence, victimes de la violence ou du qu’en dira-t-on… L’homme blessé en 1983, Ceux qui m’aiment prendront le train en 1998 et Persécutions en 2009 sonnent comme les repères sociologiques  d’un cinéma militant et romantique à la fois.

La reine Margot possède il est vrai tous ces ressorts dans son texte originel, celui du roman d’Alexandre Dumas. Il a d’ailleurs plusieurs fois inspiré le 7e art, notamment dans la très classique version de Jean Dréville en 1954 avec Jeanne Moreau dans le rôle-titre. La version de Patrice Chéreau, beaucoup plus dérangeante et ambiguë fit sensation à Cannes lors de sa présentation en compétition officielle en mai 94. La version de 2h40 suscita effroi et sifflements mais dans les salles, quelques mois plus tard, près de 2 millions de spectateurs lui réservèrent un accueil beaucoup plus chaleureux !

Loin, très loin des visions idylliques des Barbie Sissi ou Angélique et de l'esprit romantico-chevaleresque, "La Reine Margot" est une immersion intense et brutale dans la royauté du XVIème siècle. A la veille de la Saint-Barthélémy, Marguerite "Margot" de Valois, soeur ...

« La Reine Margot » est une œuvre outrageusement féroce. Dans le style si particulier et habituel de son réalisateur. Les premières minutes du film, le mariage de Marguerite de Valois et Henri de « Navarre » est une peinture esthétique imposante et impressionnante de méticulosité. ...

Projet de longue date impulsé par Claude Berri, "La Reine Margot" de Patrice Chéreau cherche moins à coller au plus près de l'histoire de France ou au roman d'Alexandre Dumas qu'à sortir le genre moribond du film d'époque en le transformant en miroir de notre temps, l'oeuvre ...