LA SOIF DU MAL

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En 1956, Orson Welles a 41 ans, et toujours une réputation flatteuse mais, financièrement, aucun de ses films n’a encore tenu les promesses entrevues avec Citizen Kane 15 ans plus tôt. C’est alors qu’il se voit proposer de jouer un policier corrompu dans un thriller dont Charlton Heston a accepté de jouer le rôle principal parce qu’il croyait que Welles devait réaliser le film. C’est sur ce malentendu inespéré que La soif du mal allait devenir pour Welles une dernière chance de travailler à Hollywood.

De fait, il s’est investi avec un plaisir évident dans cet exercice de style virtuose qui deviendra un archétype du film noir. Il y est question de meurtre, de kidnapping et de corruption dans le cadre d’une ville frontalière du Mexique. Dans ce qui est probablement son meilleur rôle, Welles joue Quinlan, le policier incontrôlable obsédé à l’idée d’attraper les coupables par tous les moyens. 

Baroque, pervers, sombre et parfois confus, le film a été détesté par Universal qui a saboté sa sortie, fermant à jamais la porte des studios à Welles. Mais l’histoire lui a rendu justice en sacrant La soif du mal comme l’un des meilleurs films noirs jamais réalisés.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BAD LIEUTENANT (Un policier corrompu essaie de concilier ses mauvaises habitudes et sa volonté de bien faire.) ou encore NO COUNTRY FOR OLD MEN (Avec l'arrivée des cartels, la violence à la frontière mexicaine a atteint un degré très élevé.).

Ne pouvant pas tourner à Tijuana comme il l’aurait souhaité, Welles a eu l’idée d’installer le tournage à Venice, un quartier de Los Angeles développé par un milliardaire excentrique au début du 20e siècle, mais laissé à l’abandon à la fin des années 50. Le décor convenait parfaitement à l’ambiance de décrépitude généralisée que Welles cherchait à exprimer.

Il a souvent déclaré que La soif du mal était le film qu’il avait eu le plus de plaisir à tourner, probablement parce qu’il s’était arrangé autant que possible pour ne pas avoir les gens du studio sur le dos. Par exemple, il tournait au maximum la nuit, à des heures où les cadres préfèrent dormir. Bénéficiant d’une relative liberté et d’un budget confortable, le cinéaste travaillait avec des acteurs qu’il appréciait et qui le lui rendaient bien. Janet Leigh avait accepté de tourner pour lui contre l’avis de son agent qui trouvait qu’elle n’était pas assez payée. Parmi les personnages secondaires, celui de la maquerelle jouée par Marlene Dietrich est un des plus mémorables.  La star avait accepté de jouer pour le minimum syndical, mais elle considère ce rôle comme le meilleur de toute sa carrière. Toute ses scènes ont été tournées en une nuit.

Afin de paraître 20 ans de plus que son âge, et 30 kilos de plus que son poids, Welles a modifié son apparence physique à coup de prothèses et de rembourrages et en se filmant en contreplongée. Peut-être s’est-il identifié à son personnage à qui Marlene Dietrich prédit qu’il n’a pas d’avenir. Dans la réalité, La soif du mal sera son dernier film Hollywoodien, le studio lui ayant retiré le montage des mains et sabordé la sortie du film.   Pourtant, il a ébloui tous ceux qui l’ont vu, et a fait un triomphe relatif en Europe. Truffaut et Godard, jurés au festival de Bruxelles, lui ont accordé le grand prix en le qualifiant de chef d’œuvre et en le citant en exemple de leur propre conception d’un cinéma novateur et indépendant.

Le plan-séquence chez Welles a une double fonction dans son déroulement d'abord et dans son interruption ensuite. Classiquement le plan-séquence traduit l'écoulement du temps sans solution de continuité et permet l'authentification du spectateur à l'action. La continuité ...

*Tim BURTON – « Ed Wood » (propos prêtés à Orson Welles, interprété par Vincent d’Onofrio, lors de sa rencontre avec Ed Wood dans un bar de Hollywood) Au reste les autres principaux rôles de « Mexicains » seront confiés à un Russe (Akim Tamiroff) et à une Allemande ...

Je n'ai pas trop envie de vous parler des qualités du film, du plan-séquence magistral du début, de l'ambiance film noir, de ce que vous voulez, vous trouverez ça très facilement un peu partout et puis ce n'est pas le sujet. Le sujet aujourd'hui, c'est ma lourde déception ...