LA SOUDAINE RICHESSE DES PAUVRES GENS DE KOMBACH

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Dans la campagne allemande, province du Hesse, au début du XIXe siècle, le servage a beau avoir été aboli en 1781, des hommes vivent tels des esclaves en travaillant une terre qui ne leur appartient pas. La Soudaine Richesse des pauvres gens de Kombach raconte l'histoire de sept de ces paysans à l’origine d’une mémorable révolte, poussés au vol par le besoin et la faim.  

Leur plan est simple : attaquer et dévaliser la diligence des impôts qui traverse la forêt à date fixe, escortée seulement par deux placides soldats.  Plusieurs essais vont pourtant leur être nécessaires pour arriver à leurs fins, tant ils sont peu préparés à changer leurs conditions de vie…  

Dans ses magnifiques paysages de brume, c’est presque un western que réalise Volker Schlondorff ici pour son quatrième long-métrage. Un genre qu’il affectionne, dont on pouvait déjà noter les réminiscences dans  Michaël Kohlhaas - portrait d’un marchand de chevaux insurgé - tourné deux ans plus tôt. Cependant, La Soudaine Richesse des pauvres gens de Kombach s’évertue à illustrer surtout la dimension politique de cet acte désespéré et quelque peu dérisoire... 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PIGEON (1958) (Avant Schlöndorff, Mario Monicelli traitait avec dérision l'envie de s'en sortir d'un groupe de laissés-pour-compte.) ou encore ESCROCS MAIS PAS TROP (2000) (A mille lieues du Schlöndorff, mais avec une conclusion assez comparable chez Woody Allen pour un groupe d'hommes pas préparés pour le "casse du siècle".).

Il y a quelque chose d’irrésistiblement beau dans cette fable brechtienne, à la ligne claire, inspirée d’une histoire hélas vraie, dont on voit très vite se dessiner l’issue. Ce qui intéressait Schlondorff, cinéaste éminemment politique, était de mettre en lumière les mécanismes de l’oppression, si bien huilés nous montre le cinéaste, qu’ils rendent vaine toute velléité de révolte. Ces hommes sont formatés depuis l’enfance à être des victimes. Mêmes leurs superstitions les maintiennent dans leur ignorance et entretiennent leurs peurs.  

Le film a la particularité aussi d’être sorti en Allemagne en 1971, simultanément au cinéma et à la télévision. A l’époque, aucune réglementation ne l’empêche en Allemagne. L’ARD finance très largement sa cinématographie la plus exigeante, sans craindre de nourrir sa propre concurrence. Volker Schlondorff, qui est aussi son propre producteur, y voit même un moyen simple de cumuler les audiences au service d’une oeuvre pas exactement “grand public” qu’il décrit avec humour  comme ayant “un côté provincial”. D’autant qu’il n’existe pas alors un nombre suffisant de salles d’Art et d’essai en Allemagne. En France, ce film ne fut vu qu’à la télévision en 1973, à la faveur du dixième anniversaire du traité d’amitié franco-allemand. 

Ancien élève de l’élève de l’IDHEC, entré en cinéma comme assistant metteur en scène (pour Alain Resnais, Jean-Pierre Melville et Louis Malle qui l’avait encouragé à passer à la réalisation) Volker Schlondorff est alors l’un des chefs de file de ce qu’on appelle Le nouveau cinéma allemand. En 1966, son premier long métrage,  Les Désarrois de l'élève Törless avait reçu le Prix de la Critique internationale au Festival de Cannes. En 1979, Le Tambour serait récompensé de la Palme d’or.