LE CAHIER NOIR

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Depuis la disparition en 2011 du cinéaste Raoul Ruiz, Valeria Sarmiento, qui fut sa compagne, mais aussi la monteuse de ses films quarante ans durant, n’a eu de cesse de faire vivre son esprit, en reprenant les projets inachevés de maestro chilien. Ce fut déjà le cas en 2012 avec Les lignes de Wellington, dont Melvil Poupaud, Marisa Paredes et John Malkovich tenaient les rôles principaux.

Le Cahier noir est un autre des projets que Ruiz aurait voulu porter à l’écran. Encore un film d’époque. Un récit d’aventures qui se déroule à la fin du XVIIIe siècle et dont histoire singulière repose sur le couple que forment un orphelin aux origines mystérieuses consignées par ses tuteurs successifs dans un cahier noir et sa toute jeune nourrice italienne (l’actrice Lou De Laâge) aux origines familiales tout aussi incertaines…

Dans leur sillage, vous allez traverser une partie de l’Europe, de Rome à Paris, de Venise à Londres, tandis qu’ils seront poursuivis par un Calabrais patibulaire et un cardinal des plus inquiétants dont on ne connaît pas les motivations, interprété par Stanislas Merhar. A noter, que comme Les Mystères de Lisbonne, le dernier film de Raoul Ruiz, Le cahier noir est l’adaptation d’un roman de l’auteur portugais Camilo Castelo Branco, dont l’oeuvre été parfois rapprochée de celle de Flaubert.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES LIGNES DE WELLINGTON (2012) (Adapté lui aussi d'un roman de l'écrivain portugais Camilo Castelo Branco) ou encore LES MYSTÈRES DE LISBONNE (2011) (Ce film mettait déjà en scène des personnages imaginés par Castelo Branco et qu'on retrouve dans "Le Cahier noir".).

Valeria Sarmiento se soucie peu de psychologie comme vous avez pu le voir. C’est l’action qui l’intéresse, les péripéties, les changements de cap qui mis bout à bout dessine les contours d’une destinée, le tout malgré un manque de moyens budgétaires visibles, qui confèrent pourtant à l’oeuvre son cachet original. Les acteurs semblent parfois en roue libre, à l’image de Niels Schneider, ténébreux à souhait en marquis de Lussault, protecteur de l’orphelin et amant fougueux de celle qu’il a pris pour domestique.  

Moins que les soubresauts que connaît le vieux continent à la fin des années 1700, c’est la relation fusionnelle entre la nounou et son petit, la pureté de leur amour, que privilégie la réalisatrice qui a d’ailleurs donné au personnage de Lou De Laâge un relief et une importance qu’il n’avait pas dans le roman. La comédienne, âgée de vingt-sept ans, apparue pour la première fois à l’écran en 2011 dans J’aime regarder les filles (le film qui allait révéler Pierre Niney), a tourné Le Cahier noir entre deux films réalisés par Anne Fontaine, dont Les innocentes où elle tenait avec brio le premier rôle.

Pour terminer, un mot sur l’auteur à qui Raoul Ruiz, puis Valeria Sarmiento ont tant emprunté. Camilo Castelo Branco (1825-1890) connut une vie au moins aussi agitée que celle des héros de ses romans, fils naturel d’une paysanne et d’un noble, orphelin très tôt, marié à 16 ans et auteur prolifique s’il en fut, puisque on lui attribue plus de 250 livres, qui vont du roman historique, à la poésie en passant par le théâtre. Grand amoureux de la culture française, il fut le traducteur de François-René de Chateaubriand.

Deux origines incertaines sont le thème évoquées dans ce film avec le mystère qui les entourent . Ce vécu des deux personnages , les rapproche et crée un lien entre eux ; vécu bien exploré par les sentiments qui en découlent ; Une évocation de l'église et du pouvoir ...