LE FANTÔME DE LAURENT TERZIEFF

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Laurent Terzieff, c’est rare, fut une légende de son vivant. Un acteur qui refusa d’être une star et fut habitée toute sa vie par la nécessité du théâtre, comme un passage vers l’au-delà, l’autre soi.

Dans un milieu peuplé par de forts egos il a doucement tracé sa route, suscitant le respect, l’admiration et parfois l’incrédulité. Le film que nous allons voir, « Le fantôme de Laurent Terzieff », réalisé par Jacques Richard et sorti en salle en 2020, évoque la personnalité d’un homme qui fut là et pas là.

Une ombre mais quel ombre, un physique mais qui « n’était pas à la mode », comme il le dira lui-même. Des « Tricheurs » de Marcel Carné qui faillit en faire une star jusqu’à tous les Molière glanés au théâtre comme acteur ou comme metteur en scène, voici le parcours d’un artiste pur, d’un moine-soldat de la scène. Chapeaux bas!

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PATRICK DEWAERE DE MARC ESPOSITO (1992) (Patrick Dewaere est un mythe pour les autres acteurs. Par son jeu paroxystique et cet art de "se mettre en danger". Par son destin tragique et son suicide, jeune encore et au sommet de sa carrière.) ou encore LE FANTÔME D'HENRI LANGLOIS (2005 ) (Un autre documentaire-fleuve réalisé par Jacques Richard et qui met en scène le parcours atypique du grand-père de la cinéphilie française, Henri Langlois.).

Il est toujours difficile de ne pas être hagiographique quand on s’attaque à un monument du spectacle. Jacques Richard a su, dans son film, explorer la principale faille de l’artiste qui, tout à la fois, explique son exigence et son combat contre lui-même. Le suicide de la soeur Odile qui fut son premier mentor au théâtre permet de mieux comprendre le tribut qu’il estimait avoir à payer à la scène et aux textes contemporains.

On rappellera, en quelques chiffres, l’importance de Laurent Terzieff par rapport à son époque. Premier film en 1958 et dernier en 2010. Cinquante ans et quelques, de carrière quasi ininterrompue au cinéma, contrairement à ce qu’on croit. Plus de soixante films avec Carné, Autant-Lara, Rosselini, Clouzot, Bunel et Godard. Au théâtre c’est la création de sa compagnie Laurent Terzieff dés 1961. Mais il était déjà sur scène à 17 ans,  dix années auparavant. Des dizaines de mise en scène et d’interprétation plus tard, il récoltera quatre Molière.

Jacques Richard signe ce film hommage. Cinéaste atypique de 66 ans, il a réalisé auparavant quelques fictions dont « Cent francs l’amour » (1986) Avec Richard Bohringer ou « L’orpheline avec en plus un bras en moins » (2010) d’après un scénario de Roland Topor. Il est surtout connu pour avoir réalisé un film-somme sur le fondateur de la cinémathèque française avec « Le fantôme d’Henri Langlois » (2005). Ainsi l’homme est un chasseur de fantômes, ceux du patrimoine. Nul doute qu’il s’est reconnu dans l’itinéraire du franc-tireur Terzieff, qui a construit sa carrière en marge d’une notabilité trompeuse.