LE GRAND PARDON

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En 1982, sort Le grand pardon d’Alexandre Arcady, un film sur le milieu juif pied noir, et quand je dis le milieu je parle aussi des mauvais garçons. Roger Hanin trône au milieu de cette histoire jouant les parrains, prodigue de son amitié, enchainant les fêtes religieuses et les coup de feu en passant par la case prison avec toujours la même autorité.

Une brochette d’autres acteurs célèbres ou en passe de le devenir l’entoure. Jean-Louis Trintignant en flic, Robert Hossein et Bernard Giraudeau en truands et les jeunes membres du clan : Richard Berry, Gérard Darmon, Jean-Pierre Bacri. C’est le second film d’Alexandre Arcady après Le coup de sirocco en 1979 lequel était précurseur d’une série d’œuvres sur la communauté rapatriée d’Algérie. 

Une partie importante de la filmographie d’Arcady né à Alger en 1947 d’une mère juive et d’un père hongrois y sera consacrée mais d’autres artistes  reprendront le flambeau jusqu’à l’explosion en version comédie de La vérité si je mens ou encore des films avec Gad Elmaleh, venu lui du Maroc. Les français de là-bas revenus par ici ont eu des enfants qui les racontent bien. La preuve.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BUGSY DE BARRY LEVINSON (1991) ou encore LE NOMBRIL DU MONDE DE ARIEL ZEITOUN (1993) .

Bien qu’il fût un gros succès Le grand pardon a pâti d’une réputation de remake casher du Parrain de Coppola. C’est plutôt injuste même si la scène du baptême rappelle les cérémonies familiales des Corleone. Le film, toutefois possède une vraie authenticité liée à la description des us et coutumes des français juifs et sépharades. Et c’est aussi un vrai film de voyous.

Ceux qui ont connu le commissaire Navarro qui a régné sur la télévision d’octobre 1989 à octobre 2008  auront plaisir à redécouvrir les subtilités d’un acteur qui fut aussi réalisateur. Ceux qui ont plus ou moins aimé le beau-frère du président Mitterrand, le militant socialiste adhérent au PC, le petit fils de rabbin converti au catholicisme, n’oublieront pas de se rappeler l’impressionnante carrure du jeune Hanin quand il jouait, dans les années 60, le Gorille ou le Tigre agents secrets un peu parodiques dans des charmants films de série. Tout ça pour dire que Le grand pardon relança la carrière et la popularité de Roger Hanin. Le film était né d’une bavure policière qui avait choqué Arcady : à la fin des années 70 deux truands issus de la communauté juive pieds-noirs avait été abattus par la police façon exécution sommaire. En gros, pour Arcady, les truands d’ailleurs avaient moins de droits que les truands d’ici. Il mit deux ans et demie avec son coscénariste Daniel Saint-Hamon pour écrire l’histoire et se fit produire par Ariel Zeitoun, qui lui était un gars du quartier de la Goulette à Tunis et s’était rendu célèbre avec La banquière de Francis Girod avec Romy Schneider.

Après un joli succès salle, Le grand pardon fut suivi en 1992 d’un Grand Pardon II plus anecdotique bien que se situant à Miami. Roger Hanin y affrontera Christopher Walken et un jeune homme du nom d’Alexandre Aja y fera quelques pas de comédie. Plus tard, Aja digne fils de son papa Arcady deviendra un petit maître en réalisation de films gore. Des films beaux comme là-bas.

Ce portrait d'une savoureuse canaille, dont le charme tient à la description chaleureuse d'un clan au langage fleuri, qui vit dans le respect du dieu d'Israël et le mépris de la légalité, peut gêner quelque peu, car présenter ces bandits comme des braves gens ...

Dans ce film des années 80, on est indéniablement en pays de connaissance.Une famille mafieuse pied-noire et juive séfarade, arrivée en France en fin de guerre d'Algérie, partie de rien se construit sur des activités plus ou moins illégales de prostitution et de jeu. ...

Grande saga familiale, qui a pourtant quelque peu vieilli sur la forme. Mais il est vrai que ce film comme la plupart des films d'Arcady a donné quelque noblesse à l'exhubérance, à l'extraversion des personnages de pieds-noirs. Moins stéréotypés que les comédies comme La ...