LE JEU

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Toute vérité est-elle bonne à dire ? pas sûr. C’est en tout cas la question-clé au coeur du Jeu. Ce jeu proposé par la maîtresse de maison lors d’un dîner entre amis consiste à poser tous les téléphones portables au centre de la table de sorte que chaque appel ou message reçu soit partagé par l’ensemble des convives. Ce déballage obligatoire n’est pas du goût de tout le monde et va passablement pimenter la soirée.

Chacun des sept amis réunis semble avoir quelque chose à cacher aux autres. Et comme le dit Marie, qu’interprète Bérénice Bejo, « le portable est devenu la boîte noire du couple ». Fatalement, des messages plus ou moins coquins vont venir semer le trouble et le doute…

Le Jeu est adapté de Perfetti sconosciuti de Paolo Genovese qui a obtenu le David di Donatello (l’équivalent des César en Italie) du meilleur film en 2016 mais n’est pas sorti en France. Fred Cavayé, le réalisateur d’A bout portant, qui vient du thriller, a signé l’adaptation et la mise en scène et il revendique pour la construction de cette comédie grinçante une filiation avec ses précédents films d’action à suspense.  L’idée est de laisser le spectateur dans l’ignorance de ce qui va se passer dans la minute qui suit. Et lorsque les sonneries de portable retentissent c’est souvent une grenade dégoupillée qui menace de rouler sur la table…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CUISINE ET DÉPENDANCES (Un dîner entre amis sous tension.) ou encore PHONE GAME (Un suspense autour une cabine téléphonique.).

Filmer un huis clos représente toujours un défi de mise en scène. Il s’agit d’éviter de faire du théâtre en boîte. Mais d’avoir à filmer sept personnages autour d’une table n’a pas rebuté Fred Cavayé qui a trouvé passionnant d’avoir à gérer simultanément les sept partitions jouées par chacun des comédiens. «  Cela oblige à une véritable gymnastique intellectuelle : séparer son cerveau en sept continuellement, explique-t-il. Tous les mouvements d’appareil et la place de chaque caméra devaient servir l’histoire » La phase préparatoire a été fondamentale :  le réalisateur a fait construire le décor en prévoyant où il allait disposer les caméras et les comédiens. Il a veillé à ce que, contrairement au théâtre, les acteurs n’aient jamais le dos au mur de sorte à avoir la profondeur de la pièce ou les fenêtres s’ouvrant derrière eux.

Fred Cavayé insiste sur la dimension chorale de son film : « chaque rôle, dit-il, a la même importance. Ce sont sept solistes et ils ont tous une partition égale ». C’est d’ailleurs exactement ce qu’il a dit à chaque comédien quand il les a approchés pour le rôle. Même si certains ont moins de texte, cela ne signifie pas une importance moindre. » Le réalisateur a aussi eu envie d’aller vers des contre-emplois dans son casting, de proposer  des directions nouvelles aux acteurs. Il a, par exemple, trouvé intéressant de donner à Stéphane De Groodt, qui a une image plutôt comique, le rôle du type charismatique et peu loquace. Et il a proposé à Roschdy Zem de se glisser dans la peau d’un hypocondriaque, un personnage à l’opposé à celui qu’il lui a fait incarner dans À bout portant.

Si l’addiction au smartphone devient un phénomène social plutôt préoccupant, les comédiens du Jeu ne semblent pas véritablement touchés. Bérénice Bejo assure qu’elle n’est pas accro à son téléphone. Son compagnon connaît son code et elle connaît le sien. Les codes servent surtout de verrou pour leurs enfants. Vincent Elbaz reconnaît pour sa part que comme tout le monde, il a mis toute sa vie dans son téléphone mais, il ajoute qu’il n’a rien à cacher «  Je suis clean et je suis serein : ma femme peut ouvrir mon téléphone ! Toutefois, je conseille à tous ceux qui auraient quelques petites casseroles de bien nettoyer leur téléphone avant d’aller voir le film… » Une sage précaution en effet qui rejoint la leçon du film : « En amour comme en amitié, il vaut mieux ne pas tout savoir ! »

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