LE POIRIER SAUVAGE

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Nous sommes en Turquie, dans la partie occidentale du pays, dans les Dardanelles précisément. Passionné de littérature, Sinan a toujours voulu être écrivain. De retour dans son village natal, il met toute son énergie à trouver l’argent nécessaire pour être enfin publié. Mais les dettes de son père finissent par le rattraper et entravent ses projets. Tel est le synopsis du film Le Poirier sauvage, le huitième réalisé par le cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan qui avait obtenu en 2014 la Palme d’Or avec Winter Sleep.

« Chaque chose que cache un père réapparaît un jour chez son fils », c’est ce dicton populaire qui a servi de point de départ au cinéaste pour bâtir le scénario du film, écrit avec son épouse Ebru et un jeune homme nommé Akin Asu. C’est ce dernier qui a d’ailleurs très fortement inspiré Sinan, la figure principale du film. Ceylan lui demandé d’écrire des souvenirs où il évoquerait ses impressions, son père, son enfance et ses rapports avec sa famille. Il en est résulté un manuscrit de 80 pages qui servit de base première au scénario.

Akin Asu, le coscénariste du Poirier sauvage en est bien l’une des figures centrales. On le découvrira d’ailleurs sous les traits d’un imam très bavard dans l’une des séquences phares du film. Il a lui-même écrit deux livres à teneur autobiographique et comme Sinan il a exercé les fonctions d’instituteur très loin de son village natal. Ceylan insiste également sur l’étroitesse de leur collaboration dans l’écriture même des dialogues du film.

 
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Le titre du film est inspiré de l’une des nouvelles du véritable écrivain du film : La Solitude du poirier sauvage. Ces poiriers sauvages sont, selon le cinéaste, des arbres assez laids qui donnent des fruits très amers. Ils sont isolés et poussent sur des terres arides. Quand on en trouve un près d’un village, on le greffe pour qu’il devienne un poirier normal. Dans l’esprit du cinéaste, il est la métaphore de la solitude du père de Sinan qui sera aussi celle de son fils et qui était déjà d’ailleurs celle du grand-père, comme on le voit dans le film.

Le film raconte principalement l’histoire d’une formation, à la manière d’une éducation sentimentale. Sinan découvre progressivement ce qu’est véritablement le monde qui l’entoure. A travers l’insuccès de son roman, il fait le dur apprentissage de l’échec et renonce définitivement à ses illusions. Ce n’est qu’à partir de là qu’il peut reconsidérer la figure paternelle et construire avec ce père jadis méprisé un avenir en commun et apaisé : c’est la signification de ce forage d’un puits qu’ils vont reprendre ensemble.

Film de plus de trois heures, Le Poirier sauvage a de ce fait généré un montage aussi long que singulier. Nuri Bilge Ceylan a d’ailleurs indiqué que la première version du film durait cinq heures. Il a fallu faire des choix et minorer l’importance de certains personnages comme celui de la grand-mère. Au final, le montage a duré plus d’une année et le cinéaste s’en est chargé seul car, expliqua-t-il en souriant, « il m’est difficile de supporter une autre personne aussi longtemps ! »

C'est fou comme comme j'aime les films qui ne racontent pas vers où ils vont, dont on ne sait jamais si la scène à laquelle on assiste est essentielle ou périphérique, sans que cela ne gène: il y a un plaisir instantané de chaque instant, par la grâce de dialogues tendus, ...

LE POIRIER SAUVAGE (17,5) (Nuri Bilge Ceylan, TUR, 2018, 188min) : Somptueuse fresque familiale narrant le destin de Sinan, un jeune homme universitaire fraîchement diplômé et passionné de littérature, revenant au foyer parental dans son village natal en Anatolie, avec en ...

« Moi, par exemple, je n’aime pas les gens. » : c’est ainsi que Sinan le protagoniste du Poirier Sauvage, résume l’un de ses traits de caractère, et la prétendue lucidité avec laquelle il aborde le monde. Apprenti écrivain travaillant sur un « Méta roman autofictif ...