LES AMOUREUX en VOD
- De
- 1964
- 118 mn
- Drame
- Suède
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
En 1964, cela fait déjà presque 20 ans que la suédoise est connue comme actrice, depuis son premier rôle à 16 ans, dans le film Tourments, réalisé par Alf Sjöberg et écrit par le tout jeune Ingmar Bergman. La carrière de Mai Zetterling dépassera largement les frontières de la Suède, en tant qu’actrice tout d’abord puisqu’elle tournera jusqu’à la fin des années 1960 en Angleterre, donnant la réplique aux stars masculines de l’époque : Dirk Bogarde (Aventures à Berlin), Richard Attenborough (Hell Is Sold Out) ou Peter Sellers (On n'y joue qu'à deux). Comme réalisatrice, elle fait des débuts remarqués avec Le jeu de la guerre, un premier court-métrage primé à la Mostra de Venise en 1962, et avec Les amoureux, sélectionné au Festival de Cannes en 1965.
Dès ce premier film de fiction, Mai Zetterling assume son sujet (la condition féminine en Suède) et son point de vue (celui des femmes et de ses héroïnes). Féministe militante, elle fonde, avec d’autres réalisatrices (notamment Agnès Varda), une association internationale de femmes cinéastes, pour accompagner la recherche de financements, mais aussi pour la parité en général, et dans le cinéma en particulier. Dans une interview de 1975 donnée au journal « Le quotidien des femmes », elle dénonce déjà : « Mais ce n’est pas qu’une question de fric : prenez le jury du festival de Cannes ou de Venise ; parmi les jurés, vous ne verrez que des hommes, à l’exception d’une femme-alibi genre Lolobrigida ou Sophia Loren et, cette situation écoeurante se reproduit partout et sans cesse dans le monde, où des jurys d’hommes décident qu’un script ou qu’un film peut ou non être tourné ».
Dans cette perspective féministe et féminine, Mai Zetterling choisit pour Les amoureux d’adapter les écrits de sa compatriote Agnes von Krusenstjerna, autrice à succès et dont l’œuvre aborde sans tabous des sujets alors (et toujours ?) sulfureux, comme la folie, l’inceste, l’homosexualité féminine et masculine, et que l’on retrouvent de façon plus ou moins explicite dans Les amoureux. Le dernier long-métrage de Mai Zetterling, Amorosa, sera une biographie de l’autrice, née dans une famille aristocratique suédoise et décédée prématurément à 45 ans d’une tumeur au cerveau.
Lorsque le film est présenté au festival de Cannes, il secoue les spectateurs, par sa façon crue de montrer à la fois la sexualité et la maternité (et en particulier une scène d’accouchement) et par la critique féroce faite à la bourgeoisie, à l’aristocratie et au patriarcat).