LES ANNÉES SUPER 8

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Le prix Nobel de littérature 2022 Annie Ernaux élabore avec son fils David Ernaux-Briot un film à quatre mains à partir d’archives familiales et le résultat ravira quiconque s’intéresse de près ou de loin à l’œuvre de l’autrice.

Les Années Super-8 ce sont d’abord celles qui précèdent le premier roman de l’autrice Les Armoires vides en 1974. Ici, on assiste à l’éclosion d’une écrivaine mal à l’aise dans le peu de place que laisse la France Pompidolienne à une femme et une mère de famille. Au travers de ces images usées de Noël en famille, de vacances en Ardèche ou en Albanie, via ces moments « que l’on ne vit qu’une fois » captés chez eux à Annecy ou à Cergy-Pontoise, ce que l’on voit, c’est un couple se perdre et une femme se trouver dans l’écriture avec, en fond, le déroulement d’une époque dans toute sa complexité historique et sociale. 

Et c’est en ça que, in finé, cet objet s’inscrit comme un nouveau tome dans l’œuvre d’Annie Ernaux. Parvenant encore à lier l’intime à de grands enjeux collectifs, cet autoportrait introspectif d’Annie avant Ernaux dessine avant tout les contours d’une société.   

Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes en 2022, le documentaire a également été nominé pour le César du meilleur documentaire 2023 - emporté par Retour à Reims (Fragments de Jean-Gabriel Périot.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EVÉNEMENT (Car le film d'Audrey Diwan est basé sur le roman poignant d’Annie Ernaux et possède une portée quasi-documentaire sur la vie de l'auteur.) ou encore PASSION SIMPLE (Car il est basé sur le roman autobiographique d'Annie Ernaux qui, en relatant une passion interdite entre l'héroïne et un homme marié, revient sur un épisode de sa vie.).

S’il s’adresse à tout un chacun, cet objet gâte tout particulièrement les amoureux.e.s d’Annie Ernaux tant on retrouve ici les grands motifs qui traversent son œuvre : la classe sociale - et surtout le voyage transclasse, sa vie nouvelle au sein de la petite bourgeoisie, son intérieur cossu, ses vacances en club -on y découvre aussi sa mère, autour de laquelle s’articulait son roman La Place. Et puis le propos et la démarche évoquent évidemment Les Années (ne serait-ce que dans le titre), chef-d’œuvre de l’écrivaine. Sauf qu’ici l’image n’est pas produite par la langue, mais par l’archive familiale.  

Si Annie Ernaux pose pour la première fois un de ses textes sur de l’image, le cinéma a été par le passé une source d’inspiration (plus qu’on ne l’imagine) comme elle le confiait en 2022 lors d’une interview pour le magazine Trois Couleurs « Souvent, je transpose un peu la technique du cinéma : ” On fait comme ça dans un film avec l’image, moi, comment je pourrais faire à l’écrit ? ” Ça me vient du Nouveau Roman, par exemple quelqu’un comme Alain Robbe-Grillet faisait à la fois des films et écrivait. Et L’Année dernière à Marienbad [Alain Resnais, 1961, ndlr], c’est évidemment pour moi un très grand souvenir, avec Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda [1962, ndlr] »

Difficile à noter, difficile à commenter. (dispo sur Arte jusqu'au 31 octobre)J'ai mis 8 mais ça aurait aussi bien pu être 7 ou 9 ou 10. En fait c'est très inégal comme film documentaire. Il y a le côté voyeurisme qui laisse un peu pensif, qui est plus fort ...

Il y a quelque chose d’universel dans ces vieux films Super 8 de famille, quelque chose de profondément nostalgique qui nous ramène à des temps lointains, à l’enfance si on est né à cette époque, à des images dans lesquelles on retrouve des objets, des vêtements, des ...

Mettre des mots sur les images, ou plutôt des images sur les mots, c'est ce que fait Annie Ernaux dans Les années super 8. Une décennie racontée, retrouvée grâce aux pouvoirs de la pellicule, qui lointaine soit elle, se regarde au présent. De ces images capturées ...