LES RATS ATTAQUENT

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 Certaines créatures du règne animal ont des capacités surprenantes et inatteignables pour le genre humain. Quand elles n’évoluent pas dans les profondeurs abyssales, elles touchent le ciel du bout de leurs ailes ou grouillent dans les tréfonds terreux de nos jardins. Cette capacité à se mouvoir différemment de nous a été exploitée dans des oeuvres telles que Ticks de Tony Randell, La Nuit des vers géants de Jeff Lieberman, l’inégalable Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock ou, plus récemment, Vermines de Sébastien Vaniček. Ici, dans The Rats, nos protagonistes, Paul, Trudy, et Kelly, torontois modernes, ignorent que sous le béton des rues du Hollywood du Nord, une population de rats mutants envahit peu à peu les canalisations et sème le trouble chez leurs concitoyens.

Kelly Leonard, inspectrice au département de la santé, et Paul Harris, professeur, sont deux citoyens modèles à la vie rangée. Leur semblant de romance est troublé par la jeune Trudy, et cet élément est bien le seul qui vient ajouter un peu de mouvement à leur quotidien en tout point banal. Mais, ce train-train va, petit à petit, relever de l’effroi avec le nombre croissant de meurtres inexpliqués et sanglants. A la manière d’un slasher, nos héros enquête sur ces disparitions, où l’arme blanche est remplacée par les incisives tranchantes de nos rongeurs envahisseurs. Ce qu’ils ignorent, c’est que l’ennemi n’est pas seul, et se répand dans les sous-sols comme une trainée de poudre contaminée aux stéroïdes.

Si le nom de Robert Clouse n’évoque rien aux afficionados de l’horreur, il n’en reste pas moins célèbre dans un tout autre genre : celui des films d’arts martiaux. On le retrouve derrière la caméra pour des oeuvres telles qu’Opération Dragon, Le Chinois, ou encore Le Jeu de la Mort. Mais celui-ci est pourtant déjà familier des films d’animaux envahisseurs avec The Pack, sorti en 1977. Cet autre métrage horrifique nous conte l’histoire d’une horde de chiens terrorisants les résidents d’une île. Malheureusement, nous ne retrouvons pas de crossover entre animaux et arts martiaux. Ce qui pousse Clouse à sortir de sa zone de confort en explorant le travail des effets spéciaux dans le milieu de l’épouvante. Il nous livre ici des effets bien de leur temps, un brin ringards, mais infiniment drôles et participants au charme du film.

The Rats pourrait être un simple film d’exploitation comme tant d’autres. Mais son sujet, bien que déjà repris par de nombreux réalisateurs, pousse une réflexion qui va au-delà des ressorts de l’effroi. Tandis que nos protagonistes évoluent de manière isolée et désorganisée, les rats, eux, se déploient en masse, et avec un plan bien précis. Ce n’est que lorsque les attaques touchent les humains de manière conséquente et collective que ceux-ci se décident à agir. On nous fait comprendre qu’il est toujours plus judicieux de prévenir, plutôt que guérir, et qu’un problème qu’on ne coupe pas à la racine risque d’enfler et grandir jusqu’à devenir incontrôlable.