LES RISQUES DU MÉTIER

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Avec ce film, le grand Jacques se lance dans nouvelle carrière et il réussit l’examen de passage haut la main. Le public comme la critique sont conquis par sa présence, et son interprétation convaincante du brave type. Brel incarne un instituteur très apprécié dans son village de Normandie qui se retrouve subitement accusé de pédophilie par trois de ses élèves.

La réalisation est signée André Cayatte, venu au cinéma après avoir exercé comme avocat, et qui pourfendait régulièrement l’injustice dans des oeuvres comme Nous sommes tous des assassins ou Le Dossier noir. Et si Jacques Brel ne chante pas dans le film, il en a malgré tout composé la bande originale avec son fidèle collaborateur François Rauber.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PRÉSUMÉ COUPABLE (L'histoire d'un homme accusé à tort de pédophilie.) ou encore LE PASSAGE DU RHIN (Une autre réalisation d'André Cayatte à laquelle Armand Jammot a collaboré en tant que scénariste.).

C’est avec Armand Jammot, qui produisait alors depuis quelques mois les célèbres Dossiers de l’écran sur la deuxième chaîne, qu’André Cayatte a cosigné le scénario des Risques du métier. Le script s'inspire d’un ouvrage du couple d’avocats Simone et Jean Cornec, et de plusieurs faits divers où des instituteurs avaient été mis en cause par des élèves. Mais, si l’on en croit le réalisateur, la couleur bleue des yeux des enfants est tout aussi importante dans la genèse de cette production." Sans la couleur je n'aurais pas fait le film », a-t-il expliqué. Après des essais en noir et blanc, "j'ai essayé la couleur et tout à coup le bleu de ces yeux d'enfants m'a frappé et a déterminé tout le reste du film. Il ajoute que « cette couleur apporte une telle impression de vérité, de candeur, de pureté » qu'un magistrat lui avait avoué que, lui-même résistait mal à ces regards et qu'il avait été sûrement influencé malgré lui et en dépit de son expérience par ces grands yeux bleus. 

Côté casting, si Jacques Brel a avoué qu’au début du tournage il avait eu une sacrée peur, ne sachant pas comment bouger devant la caméra, par exemple,  il  reconnaissait aussi qu’il avait pris grand plaisir à jouer ce personnage et que le cinéma est moins fatigant qu’un tour de chant. Pour le rôle de l’épouse de l’institutueur, Cayatte voulait que cette femme soit un corps étranger dans le village. Il cherchait à constituer un couple qui ne soit pas sur la même longueur d’ondes en prenant « deux acteurs pas du tout accordés ». D’où le choix d’Emmanuelle Riva, la révélation d’Hiroshima mon amour, qui marque notamment son décalage avec son élocution particulière, théâtrale.

Parmi les autres comédiens, deux avaient commencé leur carrière  à la télévision, ce qui était assez rare à l’époque. La jeune Catherine Roussel qui déclenche l’affaire est ainsi interprétée par Delphine Desyeux qui venait d’être la vedette du populaire feuilleton télévisé L’Age heureux et sa mère est jouée par Christine Fabrega, qui fut la toute première animatrice de l’émission Le Mot le plus long qui allait devenir ensuite Des chiffres et des lettres.

Jacques Brel, dont c'est ici le premier film, semble avoir fait l'acteur toute sa vie (ce qui, dans un certain sens, est plutôt vrai). S'appuyant sur sa prestation de haute volée, il est aisé pour André Cayatte de mettre en scène un de ces films à thèse qu'il affectionnait ...

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