MÊME LA PLUIE

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Même si ses premières réalisations bénéficiaient d’un ancrage sociologique fort, Iciar Bollain a toujours mis un point d’honneur à soigner ses personnages, puisant dans leurs émotions la force de son cinéma. C’est ainsi que Fleurs d’un autre monde, en 1999, touchait dans la représentation de ses héroïnes, célibataires de Cuba ou de Bilbao qui voulaient se marier à tout prix, pour rompre leur solitude ou pour se procurer des papiers. Et dans un pays, l’Espagne, qui compte un des pourcentages de femmes battues les plus hauts d’Europe, son film Ne dis rien a fait sensation et rencontré un large public, depuis 2003. Car au-delà du phénomène de société et de la dénonciation des comportements, le film offrait une vraie chance d’exister à ses personnages.

Prix du public de la section Panorama à Berlin en 2010 et représentant de l’Espagne dans la course aux Oscars, Même la pluie peut s’enorgueillir de vertus comparables. S’il relate un épisode poignant et bien réel de la lutte du peuple pour sa survie en Bolivie, il existe avant tout par ses personnages : l’homme du peuple qui mène la lutte, mais aussi les deux Occidentaux venus tourner un film en Bolivie.

Le producteur est campé par Luis Tosar, acteur d’abord remarqué à la télévision, qui a obtenu le Goya du Meilleur acteur (l’équivalent ibérique de nos Césars) pour sa prestation dans Ne dis rien de Iciar Bollain avant de s’illustrer dans quelques autres succès nationaux comme Les Lundis au soleil. Le Mexicain Gael Garcia Bernal est encore plus connu. Révélé dans Amours chiennes, le premier long métrage d’Alejandro Gonzales Inarritu qu’il a retrouvé pour Babel, il a été dirigé par des réalisateurs vedettes comme Walter Salles (Carnets de voyage) et Pedro Almodovar (La Mauvaise Education).

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE MEPRIS (l'histoire du tournage d'un film dans le film.) ou encore CARLA'S SONG (son scénario écrit par Paul LAverty confronte Européens et habitants du Nicaragua).

Iciar Bollain qui a joué dans un film de Ken Loach (Land and Freedom, en 1994) et qui a publié un livre sur l’œuvre de ce cinéaste britannique, a pensé lui emprunter son fidèle scénariste Paul Laverty pour Même la pluie. Né à Calcutta et impliqué dans la défense de causes humanitaires en Amérique centrale, cet écrivain-avocat s’est plongé avec intérêt dans l’évocation de ce qu’on a appelé au Bolivie la crise de l’eau. à savoir la série de manifestations qui ont mis à feu et à sang la ville de Cochabamba en avril 2000 après la décision catastrophique et injuste du gouvernement de privatiser l’eau. Décision qui amenait par exemple les paysans à payer un impôt sur leur propre puits et sur laquelle le gouvernement bolivien est revenu après un bel exemple de résistance civile

Mais au départ, Laverty ne devait pas écrire un scénario sur ce sujet. Les premières versions de  son texte se déroulaient entièrement au XV et XVIème siècle, pour relater les voyages de Christophe Colomb et les premières années du « Nouveau Monde ». C’est Laverty qui a eu envie d’aller plus loin et de confronter ce passé douloureux à des histoires plus contemporaines. D’où ensuite l’idée de tresser trois fils dramatiques dans un même scénario, l’histoire de Colomb et de ses hommes, celle d’une équipe de tournage venu faire un film en Bolivie sur Colomb et cette crise de l’eau qui perturbe le tournage.

C’est aussi Laverty qui a voulu dédier le film à la mémoire de Howard Zinn. Avant sa mort en janvier 2010, cet écrivain américain, auteur d’Une histoire populaire des Etats-Unis l’avait beaucoup aidé dans ses recherches pour le film. Dans une sorte de mise en abyme de son sujet, Même la pluie a su mélanger dans son équipe de tournage Espagnols et Boliviens et dans son casting, acteurs vedettes et non professionnels. Pour la musique Bollain a repris Alberto Iglesias qui lui avait déjà composé la partition de Ne dis rien. Mais Iglesias est avant tout connu pour être le musicien attitré de Pedro Almodovar, depuis La Fleur de mon secret, en 1995.

Après avoir vu la bande-annonce de 'Même la pluie', on pouvait s'attendre au pire: une équipe de tournage qui rejoue la colonisation en Bolivie, sur fond de conflit de l'eau des locaux. Je voyais déjà les rôles préparés pour toute l'équipe, le jeune réal idéaliste, le ...

Ça me démangeait d'en parler. Mais je ne pouvais pas décemment le faire sans le revisionner. J'ai acheté le Blu-ray, c'est chose faite. Il faut que je vous situe le contexte dans lequel je l'ai vu pour la première fois. J'avais déjà dans les jambes plus de sept mois de ...

Un joli cercle presque parfait que ce film. J'aime bien les films un peu métas, et celui-ci est à fond dans le "je filme ce que je suis, alors je suis ce que tu vois, ok ? Si t'es pas content, va être ailleurs ce que filment d'autres que tu ne vois pas". De plus, je ne connaissais ...