Mjolk est le troisième film de fiction de Grímur Hákonarson, réalisateur islandais dont Béliers avait été présenté à Cannes, dans la section Un Certain Regard – il était d’ailleurs reparti récompensé. Là, déjà, Hákonarson plantait sa caméra dans l’Islande rurale puisqu’il filmait la mésentente de deux frères qui devaient se rabibocher pour sauver leurs troupeaux. « C'était une histoire de famille, explique le cinéaste, alors que Mjolk parle plutôt d’une communauté, d’une société. J’y montre la réalité politique d'une région très spécifique. » Réalisateur des – je cite – « bouleversements en milieu rural », il déplore désormais le manque de lien social et l’absence d’événements qui donnent de la vie à la campagne : « Dans la plupart de mes films, c'est peut-être ça le sujet principal : les anciennes valeurs islandaises versus le capitalisme et la société moderne ».
Par son ton parfois sarcastique, ses combats contre l’injustice et évidemment son héroïne, Mjolk a souvent été affublé du sobriquet de 3 Billboards islandais, ce film où Frances McDormand réveille l’enquête visant à découvrir qui a tué sa fille par tous les moyens nécessaires. Et parfois Arndís Hrönn Egilsdóttir (attention, je ne le dirai qu’une fois) a des faux airs de sa collègue américaine. « Je suis un des plus grands fans d’Arndís, dit Grimur. Elle a beaucoup d’expérience au théâtre. Je voulais une actrice qui serait crédible dans la peau d’une agricultrice et elle avait la force extérieure et intérieure nécessaire pour le rôle ». Pour toute préparation, la comédienne a passé deux semaines dans une exploitation laitière gérée notamment par une dame très similaire à Inga, le personnage.
Grímur Hákonarson est un garçon des champs et c’est pour cela que « les gens simples qui vivent dans des communautés rurales » sont ses sujets favoris. Ses deux parents viennent de la campagne et son grand-père détenait une ferme où il passait le plus clair de son temps. Il connaît donc bien l’agriculture de son pays. Il explique : au XIXe siècle, il y avait un fort mouvement de coopératives en Islande, organisées par les fermiers, mais ça s’est écroulé en 1990. Mjolk se déroule dans une région du Nord-Ouest de l’Islande où l’on trouve la dernière coopérative du pays.