NE NOUS JUGEZ PAS

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Né à Mexico en 1973, Jorge Michel Grau, l’auteur de Ne nous jugez pas, y suivit des études de mise en scène avant de traverser l’Atlantique et d’intégrer, à Barcelone, l’École Supérieure de Cinéma de Catalogne. Ses premiers courts métrages seront vite remarqués et même récompensés, notamment par le prix du meilleur court métrage documentaire mexicain, en 2006.

C’est à Cannes, au cours de la Quinzaine des réalisateurs 2010 qu’il va pouvoir, à 37 ans, présenter son premier long métrage, intitulé Somos lo que hay, logiquement traduit par Nous sommes ce que nous sommes, mais rebaptisé plus tard : Ne nous jugez pas. Après la mort de leur père et mari, une famille mexicaine doit assurer sa survie. Or, ils sont cannibales et ne mangent que de la chair humaine, que leur fournissait le défunt !

Tel est le point de départ de ce film que le comité de sélection de la Quinzaine des réalisateurs qualifia de « mélodrame à la sauce gore » et de « série B décomplexée ». Présenté dans divers autres manifestations, il remporta, en 2011, le prix du jury du 18e festival international du film fantastique de Gérardmer. Moins de 16 ans et personnes sensibles s’abstenir !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SWEENEY TODD, LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET (2007) (Benjamin Barker, dit Sweeney Todd, lui aussi, aime bien son prochain. Miam, miam !) ou encore LOS OLVIDADOS (1950) (Ces oubliés des bas-fonds de Mexico – dont l’un se prénomme aussi Julian – ne sont pas cannibales, mais se bouffent les uns les autres tout de même.).

Comme il est écrit dès les premières secondes du générique de début, le film que vous venez de voir est dédié à la mémoire d’Alan Chavez, le comédien qui joue le rôle de Julian, le fils cadet de cette monstrueuse famille. En septembre 2009, six mois avant la première projection du film, il fut tué par la police mexicaine au cours d’une fête qui avait dégénéré. Il allait avoir 19 ans. Espoir du cinéma mexicain, il avait commencé sa carrière à la télévision où il avait remporté l’Écran de Cristal 2007 de la révélation masculine de l’année. Au cinéma, il avait été nommé deux fois aux Ariels – les Césars mexicains – pour son rôle de petit voleur traqué dans la Zona, propriété privée, un thriller de Rodrigo Pla, sorti en France en mars 2008.

Dans ce film, l’une des victimes qui le traque, justement, est interprétée par Daniel Giménez Cacho, le comédien qui dans Ne nous jugez pas joue le rôle du thanatopracteur, l’employé des pompes funèbres. Né à Madrid en 1961, on avait aperçu Daniel Giménez Cacho dans plusieurs films d’Alfonso Cuaron et d’Arturo Ripstein. En 2000, on l’avait retrouvé aux côtés de Thierry Lhermitte et Patrick Timsit dans le Prince du Pacifique d’Alain Corneau et, en 2004, Pedro Almodovar lui avait confié le rôle du prêtre pédophile dans la Mauvaise éducation, face à Gael Garcia Bernal.

Juste après Ne nous jugez pas, Jorge Michel Grau participa à l’étonnant 60 Seconds of Solitude in Year Zero, la mise bout à bout de 60 courts métrages d’une minute, tous consacrés à la mort au cinéma, réalisés par soixante cinéastes du monde entier et projeté une unique fois, le 22 décembre 2011, dans le port de la ville estonienne de Tallinn, devenue, cette année-là, capitale européenne de la culture. Participait également et entre autres à cette expérience, l’Allemand Tom Tykwer, le Philippin Brillante Mendoza ou encore le Britannique Michael Winterbottom. Trois ans après sa présentation à Cannes et dans divers festival américains, Ne nous jugez pas fit l’objet d’un remake hollywoodien, réalisé par Jim Mickle et intitulé We Are What We Are, traduction littérale du premier titre original. Dans cette version, c’est la mère qui meurt, laissant derrière elle ses deux filles adolescentes écrasées par un géniteur des plus autoritaires. Malgré cette petite différence, le régime alimentaire, lui, reste le même !

A la sortie du ciné j'ai vraiment ressenti un coup de coeur, mais avec du recul je pense qu'il aurait pu être un peu plus étoffé au niveau de la mise en scène et un peu moins brouillon.Mais au final c'est tout de même très réussi, le côté intimiste de cette famille où ...

Le mexicain Somos lo que hay est un premier film : il en a bien la candeur incendiaire, le haut potentiel aux expressions embarrassées, le formalisme poussif du novice génial. Dans la séquence d'introduction, un homme est à l'agonie dans un centre commercial. Jusqu'à ...