PARTIR REVENIR

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Réincarnation, musique et caméra qui tourne... Si ces mots vous sont insupportables : passez votre chemin ! En revanche, si vous aimez tout cela et que vous êtes en plus fans de sentiments universels, alors ce Lelouch 1985 aura valeur de grand cru ! Pour ce millésime là, le réalisateur a imaginé qu’une jeune auteur de livre publiant son nouvel ouvrage plongeait dans l’histoire de sa famille juive, déportée pendant la guerre suite à une dénonciation. Objectif de l’ouvrage, découvrir qui a pu trahir le clan et précipiter son destin tragique. Au passage, Salomé rencontrera un pianiste, Erik, reflet parfait de son frère Solomon, jamais revenu des camps de la mort...

Claude Lelouch est ici en terrain familier : vous allez reconnaître son style, sa marque de fabrique, que ses détracteurs qualifient de tics. Ajoutez-y un casting comme d’habitude en forme de bottin mondain : les fidèles comme Annie Girardot, Charles Gérard ou Jean-Louis Trintignant, la famille avec sa compagne d’alors Evelyne Bouix et celle qui le deviendra ensuite, Marie-Sophie L mais aussi ces vedettes de la vraie vie dans leur propre rôle comme Bernard Pivot ou Bernard-Henry Lévy !

A l’arrivée, une fresque brillante qui s’articule façon puzzle, ponctuée de coups de théâtre mémorables. Alors avant de revenir, laisser vous partir...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LITTLE BUDDHA (Quand le passé se rappelle soudainement à votre bon souvenir avec une curieuse impression de déjà-vu...Bernardo Bertolucci s'attaque lui aussi au thème de la réincarnation.) ou encore MANON DES SOURCES (La vengeance est, parait-il, un plat qui se mange froid mais au cinéma, c'est souvent assez chaud ! Emmanuelle Béart ira jusqu'au bout de la passion pour connaître les coupables de la mort de son père.).

Vous l’aurez entendu, la musique est ici encore un des acteurs principaux de ce film signé Lelouch. Depuis Un homme et une femme et ses fameux "chabada bada", le réalisateur en a fait une de ses signatures immédiatement indentifiables. Si Francis Lai est un complice de toujours, d’autres compositeurs sont, avec le temps, venus ajouter leur pierre à l’édifice ou plutôt leur note à la partition. Dans Partir, revenir, c’est Michel Legrand. Le partenaire des plus grands succès de Jacques Demy avait fait ses premiers pas aux côté de Claude Lelouch dans Les uns et les autres en 1981, illuminé par le célèbre "Boléro" de Ravel. Il doit ici à nouveau partager l’affiche avec un de ses illustres collègues : Serguei Rachmaninov ! Une cohabitation que n’a pas du trop froisser le maestro puisqu’il a par la suite de nouveau travaillé pour Lelouch, dans Les misérables en 1995 et en 2002 dans And now ladies & gentlemen...

Autre mélodie familière, les allers-retours entre passé et présent. Lelouch est convaincu qu’il y a des vies pour apprendre à s’aimer et d’autres pour s’aimer vraiment... Des moments où l’on se rencontre et d’autres où l’on se reconnaît. Une croyance proche de la philosophie de vie qui a profondément imprégné son œuvre : il suffit de revoir Il y a des jours et des lunes, La belle histoire, Hasards ou coincidences ou bien entendu ce Partir revenir pour en être définitivement convaincu ! Les fans adorent, les autres hurlent au délire métaphysique mais au moins : personne ne reste indifférent.

Ajoutez-y le traumatisme de la solution finale, qui hante depuis toujours les recoins de la mémoire de cet ancien petit enfant juif et vous comprendre alors pourquoi Lelouch reste un cas à part du 7e art tricolore, bien souvent plus apprécié et célébré à l’étranger qu’ici... De triomphes publics tonitruants  en déroutes foudroyantes au box-office, cet homme-là  poursuit son chemin, toujours à l’affût d’un nouveau pari, d’une autre folie...